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Mam’zelle Nitouche d’Hervé à Angers-Nantes Opéra – Une affaire qui tourne rond – Compte-rendu
Après l’incursion dans un Moyen Âge de fantaisie, cornettes et képis – autres ingrédients chers ô combien ! à la musique légère – lui fournissent matière à un réjouissant spectacle servi par une habile scénographie (signée Weitz, tout comme les costumes et maquillages, pas moins réussis) : un système de tourniquet permettant de passer en un clin d’œil des murs du couvent des Hirondelles au théâtre de Pontarcy (côté coulisses ou côté scène). Finement réglée – belles lumières de Bertrand Killy et chorégraphies vitaminées d’Iris Florentiny ! –, la mise en scène de P.-A. Weitz allie fluidité et relief – tout en manifestant un caractère moins turbulent que celle des Chevaliers où il fallait compenser par le jeu scénique le statisme du décor. Après un Acte I relativement « sage », elle se laisse peu à peu gagner par une dimension surréaliste, aussi délectable qu’accordée à l’esprit d’Hervé – point culminant au III avec l’apparition de Célestin en ... haut de forme à voilette !
Rien n'est possible dans Mam’zelle Nitouche (ouvrage où les dialogues occupent une place essentielle) sans une équipe de chanteurs-comédiens rompus à l’esprit de ce répertoire ; on a su la réunir ici, impeccable de bout en bout. ! En Denise de Flavigny/Mam’zelle Nitouche, Lara Neumann (photo) offre le plus idoine mélange de charme ingénu, de piquant et de gouaille, tandis que Damien Bigourdan oscille entre Célestin et Floridor, privilégiant une drôlerie un peu lunaire à toute accentuation caricaturale d'un double-rôle autoportrait d’Hervé
A Olivier Py/Miss Knife revient le triple emploi de La Supérieure, Corinne et Loriot et partant le soin de déclencher les plus beaux éclats de rire du spectacle avec d’aussi magistrales que croquignolesques incarnations. Samy Camps incarne un Fernand idéalement fringant, séducteur et lumineux, tandis qu’Eddie Chignara campe un truculent Major. Les rôles sont plus modestes, mais on ne se régale pas moins du Directeur de théâtre d’Antoine Philippot, du Gustave de Pierre Lebon, du Robert de David Ghilardi, de la Sœur Tourière et la Sylvia de Sandrine Sutter et de la Lydie de Clémentine Bourgoin.
Le Chœur d’Angers Nantes Opéra, bien préparé par Xavier Ribes, se glisse avec aisance dans une production qui, en fosse, bénéficie de la présence de Christophe Grapperon à la tête des musiciens de l’Orchestre des Pays de la Loire. La finesse, le tonus et l’humour de sa direction sont tout à l’image de cette Mam’zelle Nitouche . Elle n’a pas fini de faire des heureux (2) – sous l’œil ravi du régisseur de scène Piero, personnage additionnel qui n’est autre que Pierre-André Weitz grimé en clown.
Jamais deux sans trois : le metteur en scène prépare un nouvel Hervé. On a hâte d’en savoir plus !
Alain Cochard
(2 )Un bonheur à prolonger grâce à un disque d’extraits enregistré parallèlement aux représentations toulonnaises d’octobre dernier, que dirigeait Jean-Pierre Haeck (1CD PBZ, disponible à la sortie du spectacle)
Hervé : Mam’zelle Nitouche – Nantes, 17 décembre, prochaines représentations les 19 et 20 décembre 2017 / www.angers-nantes-opera.com/nitouche.html
Photo (Lara Neumann) © Jeff Rabillon - Angers Nantes Opéra
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