Ce concert Salle Cortot organisé par l’association « Les Amis de Marie-Laure » permet de retrouver avec plaisir Marie-Catherine Girod, une musicienne dont chaque concert confirme la hauteur de vue et l’engagement, qualités qu’elle sait transmettre aux œuvres les plus rares comme aux grandes pages du répertoire remises sans cesse sur le métier.  
 
Son programme propose tout d’abord un florilège de pièces de Felix Mendelssohn, un compositeur dont elle a gravé au disque la totalité du corpus pour clavier (chez Saphir). Les Variations sérieuses sont enchaînées naturellement avec un sens de la narration et une densité de son que l’on retrouve dans un bouquet de Romances sans paroles au cantabile subtil (très belle "Fileuse"). Dans le véloce Rondo capriccioso, son jeu bondissant et aérien rend bien compte de l’imagination du musicien avec agilité du trait et maîtrise du style.
Dans la Première Ballade de Chopin Marie-Catherine Girod, main de fer dans un gant de velours, fait preuve d’une assurance dans la conduite de la ligne avec un sens narratif tout à fait convaincant. Les trois Nocturnes op. 9 apportent un moment de rêve grâce à un toucher délicat où la souplesse le dispute à la générosité de la conception. Après l’Andante spianato délicatement murmuré, la Grande polonaise brillante renoue avec la virtuosité franche et la robustesse de ton, loin du maniérisme et de la superficialité. Cette pièce de jeunesse prend paradoxalement une carrure qu’on ne lui connaissait pas.
 Un bel hommage rendu avec générosité à la mémoire de Marie-Laure Béraud (décédée à l’âge de 25 ans) et dont les proches et amis continuent régulièrement de célébrer la mémoire avec une émotion perceptible dans la salle.
 
Michel Le Naour
 
Paris - Salle Cortot, 22 novembre 2014

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