Rapprochement iconoclaste ? Ce serait s’arrêter aux apparences. Si la 9e Symphonie de Chostakovitch et la 4e de Mahler semblent les antithèses symphoniques l’une de l’autre, la première persifleuse et ironique plus souvent qu’à son tour, véritable musique urbaine, la seconde réfugiée dans un paradis bucolique, les univers des deux compositeurs ne sont pas si éloignés que cela. Et même dans la mise en miroir de ces deux symphonies sembleront se répondre leurs mouvements lents.

On sait que Chostakovitch admirait profondément les symphonies de Mahler auxquelles l’avait initié Kirill Kondrachine, et on le considère d’ailleurs aujourd’hui comme l’un de ses héritiers spirituels. Le sens du tragique, une écriture orchestrale qui fait alterner les grands appareils avec des musiques chambristes, l’alliance du drame et du rêve, de la sensualité et du cauchemar, un même sens corrosif de l’ironie, ne sont que quelques signes désignant des terrains expressifs partagés par les deux compositeurs. Mariss Jansons est chez lui dans Chostakovitch, on ne doute pas un instant qu’il accomplira tous les desseins ambigus de la 9e, véritable pied de nez du compositeur au régime qui lui avait ordonné d’écrire après les affres de la 8e Symphonie une partition joyeuse et populaire (il s’exécutera avec la 10e). Mais le chef letton aborde avec plus de circonspection l’univers de Mahler dont il ne trouve pas toujours les clefs. Que nous réservera sa 4e, si souvent jouée par les Bavarois depuis Rafael Kubelik ? En tous cas, Miah Persson est aujourd’hui irremplaçable pour le lied final.

Jean-Charles Hoffelé

Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, dir. Mariss Jansons

Miah Persson, soprano

Œuvres de Chostakovitch et Mahler

18 décembre – 20h

Paris – Théâtre des Champs-Elysées

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