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Marseille - Compte-rendu : 40e Festival de St Victor, Radulovic l’impétueux
Depuis plusieurs années, les orchestres italiens ne figurent plus parmi la crème des phalanges européennes et ont du mal à rivaliser avec les valeurs sûres allemandes ou scandinaves. Un constat répandu mais qui, par bonheur, ne se vérifie pas systématiquement. Contre toute attente, l’Orchestra sinfonica di Sanremo a ainsi donné une belle réplique au jeune Nemanja Radulovic (photo) lors du concert d’ouverture du Festival de Saint-Victor.
Costume noir, allure décontractée et adolescente sous ses longues boucles brunes indisciplinées, le violoniste serbe a conquis le public marseillais avec son jeu endiablé et un engagement physique total.
Son Concerto de Brahms fut habité par la fougue et l’insolence de sa jeunesse, empoignant à bras le corps le tumulte et la passion de ces pages lyriques et contrastées. La deuxième entrée du violon, avec la reprise de ce thème poignant dans l’Allegro non troppo, installa une fiévreuse tension qui ne devait pas faiblir tout au long de ce mouvement.
Presque incontrôlable malgré l’attention toute particulière du chef André Bernard, son tempérament bouillonnant lui fait parfois perdre en précision et en justesse. Le recours gratuit à l’aspect virtuose du texte - cadence du 1er mouvement ou l’Allegro giocoso, ma non troppo vivace - aura d’ailleurs semblé bien inutile. De son côté, l’orchestre fut homogène et équilibré, s’appuyant sur une sonorité pleine et puissante des cordes. Autre facette du jeu du jeune serbe dans le deuxième mouvement : sensibilité à fleur de peau et maturité du discours. Ce violon-là se substitue à la voix humaine et explore les profondeurs des sentiments de l’être. Un Adagio dont l’entame prise de manière rapide, notamment par le hautbois, manqua de respiration.
Tempo idéal par contre pour un final cohérent. Beaucoup de présence à nouveau de la part de Radulovic dans l’ébouriffant final et de complicité avec les musiciens italiens. Une tonalité tzigane et jubilatoire qui épouse parfaitement sa technique incisive et espiègle. Un seul bis, redoutable et pertinent, extrait de la Sonate pour violon solo n°2 en la mineur op 27 d’Ysaÿe.
La deuxième partie était consacrée à Mendelssohn et à sa Symphonie n°4 en la majeur op.90 « Italienne ». Dans un style romantique teinté de classicisme, cette œuvre majestueuse et brillante a des allures d’ouverture et se joue à l’énergie. Un registre de prédilection pour l’Orchestre de Sanremo. Pas d’évocations frappantes de l’Italie si ce n’est dans le Presto avec un saltarello napolitain suivi d’une tarentelle. Ces deux rythmes mèneront à une conclusion frémissante et impétueuse. Pour prolonger ce climat d’allégresse, un extrait, en bis, de l’ouverture La Scala di Seta de Rossini, rondement mené !
Florence Michel
Marseille/Festival de Saint-Victor. Jeudi 28 septembre.
Photo : DR
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