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Maxime Pascal et Le Balcon interprètent Les Vêpres de Monteverdi au Festival de Saint-Denis – Sacrée expérience ! – Compte-rendu

Le Festival de Saint-Denis continue de faire confiance à la jeunesse et au talent. Tandis que la résidence de Raphaël Pichon et de l’ensemble Pygmalion vient de se terminer sur un magnifique concert Mozart-Haydn, c’est au tour du Balcon - collectif animé par le chef Maxime Pascal (photo), l’ingénieur du son Florent Derex et le pianiste Alphonse Cemin - de prendre le relai, et de commencer par un ouvrage dans lequel on ne l’attendait pas : Les Vêpres Monteverdi.

Et Maxime Pascal et son équipe de s’emparer de la partition avec les techniques de sonorisation ou, plus exactement, de projection sonore et de spatialisation qui sont au cœur de leur projet (1), mais aussi avec un instrumentarium où l’on trouve un cornet à bouquin aussi bien… qu’une guitare électrique et un synthétiseur ! Des puristes grincent des dents ? Que la modernité du libérateur des sons que fut en son temps le compositeur italien inspire une telle démarche à de jeunes interprètes épris de modernité et décidés à secouer le cocotier des habitudes de la musique classique nous semble plutôt rafraichissant et stimulant. D’autant qu’on ne ressent aucun dogmatisme de la part de Maxime Pascal, mais une formidable envie de tenter, d’expérimenter, d’explorer l’horizon des possibles.
 
Dès le Dixit Dominus, d’une prodigieuse opulence sonore, il est clair que l’on n’a pas fait le déplacement pour rien. D’emblée la force de conviction du maître d’œuvre de la soirée s’impose et lorsque Rodrigo Ferreira – sorti il y a peu des représentations de La Métamorphose à l’Athénée – prend place sur le devant de la scène pour entonner, avec accompagnement de guitare (bravo à Giani Caserotto !), un Nigra sum particulièrement… sensuel, on comprend que l’on assiste à événement hors du commun.
 
 

M. Pascal (a g.) & F. Derex (à dr.) © DR

Conjuguée au travail de Florent Derex à la table de mixage, la direction de M. Pascal déploie la polyphonie des Psaumes de saisissante manière. On voudrait citer une foule de détails, telle cette intervention du synthétiseur sur « Gloria patri et Filio » dans le Dixit Dominus, les effets obtenus par l’alliance de la harpe et de la guitare électrique dans le Laudate sum, etc. : impossible de décrire  la passionnante aventure sonore de ces Vêpres, pas moins étonnante dans le Duo Seraphim, confié aux voix de Guillaume Gutierrez, Jean-Jacques l’Anthoën et Taeil Kim, ou dans l’Audi coelum (avec G. Guttierez) et ses effets d’écho. On a sans doute été moins convaincu par une Sonata Sancta Maria un peu flottante mais, cet épisode mis à part, de la première note à l’abyssale intervention des trombones sur l’Amen conclusif du Magnificat, la proposition du Balcon fait mouche par sa ferveur, sa cohérence et son degré d’aboutissement. Vivement la suite !
 
Alain Cochard
 
 
(1) Lire l’article consacré au Balcon : www.concertclassic.com/article/le-balcon-joue-grisey-et-garcia-velasquez-lathenee-une-energie-commune

Saint-Denis, Basilique, 26 juin 2015

Photo Maxime Pascal © Jean-Baptiste Millot

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