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Metz - Compte-rendu : Lakmé de Delibes à Metz ; luxe, calme et volupté
On croyait les fastes de l’Opéra-comique français tombés dans l’oubli, la production de l’Opéra Théâtre de Metz vient nous prouver, s’il en était besoin, qu’un directeur intelligent et qui aime son métier peut redonner ses lettres de noblesses à ce répertoire trop négligé de nos jours. La production du duo François de Carpentier-Karine Van Ecke témoigne d’un classicisme de bon goût et d’une grande beauté plastique.
Mais les oreilles ne sont pas en reste dans ce spectacle éblouissant. L’orchestre conduit de main de maître par un Jacques Mercier en état de grâce donne à ce répertoire toute sa clarté et sa luminosité. Cordes soyeuses, pépiante petite harmonie, cuivres d’une justesse irréprochable - une mention spéciale au pupitre des cors, fort sollicité. Il y a du Cluytens dans cette direction !
Mais la palme revient au couple vedette : Lakmé /Gérald, respectivement Isabelle Philippe et Philippe Do. Diction impeccable, vocalises irréprochables, médiums et graves bien posés, pour une Lakmé de rêve. Et tant pis si le contre mi n’est pas impeccable ; Lakmé ne se limite pas au seul « air des clochettes » ! Quelle magnifique leçon de chant nous donne Philippe Do, avec une diction de rêve, des mezza voce qui vous suspendent dans les airs, la voix jamais forcée, tout en souplesse. Depuis Alain Vanzo on n’avait plus entendu pareil délice. C’est Alain Fondary qui défendait Nilakantha. La voix n’a rien perdu de son mordant et de son impact sur le public. Malgré le poids des ans il ressuscite les fastes des Borthayre et Bianco. Ses stances constituent un moment d’anthologie.
En tête des occupants anglais, l’Hélène de Valerie Debize, est impeccable de justesse de ton, avec une interprétation de grande cla sse. Quant à la truculente Mistress Bentson de Marie-José Dolortian, elle sait, sans en rajouter, apporter une note de fraîcheur dans les scènes qui lui sont réservées. Malheureusement on retombe d’un cran avec la Rose de Béatrice Wenger, il ne suffit pas de minauder pour donner vie à un personnage, de même qu’au Frédéric sans charme de Julien Never. Excellente Malika de Christine Labadens, dont la voix se marie admirablement avec celle d’Isabelle Philippe, ce qui nous vaut un superbe duo des fleurs. A signaler l’Hadji musical et bien chantant du ténor Yvan Rebeyrol.
Chœurs magnifiquement .préparés par Jean-Pierre Aniorte, spectaculaire ballet du deuxième acte par Brigitte Chataigner, qui signe là une chorégraphie dans la grande tradition hindoue.
Lakmé de Delibes à l’Opéra de Metz le 29 janvier 2006.
Bernard Niedda
Photo : DR
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