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Metz - Compte-rendu : Sublime Butterfly à l’Opéra Théâtre
Numa Sadoul présente à l’Opéra Théâtre sa vision de Madame Butterfly : rien de bien nouveau sous le Soleil Levant… Mise en scène traditionnelle, nous sommes au Japon dans les années vingt. Une idée intéressante et je pense rarement exploitée : la tenue vestimentaire européenne que revêt Cio-Cio San au deuxième acte, afin de souligner le rejet total de ses origines et son appartenance corps et âme à ce qu'elle croit être son nouveau pays.
La distribution réunie par Eric Chevalier est totalement dominée par la Butterfly de la Japonaise Hiromi Omura. Incarnation parfaite, voix harmonieuse soutenue par une longueur de souffle impeccable, elle nous transporte à mille lieux et nous fait partager ses rêves et angoisses avec une présence confondante - on croirait entendre la jeune Tebaldi.
Malheureusement l’entourage ne se situe pas toujours au même niveau. Christine Labadens (Suzuki) ne démérite pas mais le sublime duo des fleurs aurait mérité quelle prête plus d'attention au chant de sa partenaire. Jean-Marc Ivaldi (Sharpless), s'il possède une belle voix, ne sort pas de la routine, son Consul manque de compassion, le personnage est un brin trop rigide ! Est-ce un souhait du metteur en scène ? Dommage car sauce émotionnelle qui émaille sa scène de l'Acte II ne prends pas. Dominique Rossignol avec une voix qu’il sait rendre acide et fielleuse suivant la situation campe un Goro antipathique, ce qui fait de celui-ci un personnage de premier plan.
Venons en maintenant a Pinkerton, le ténor Maurizio Comencini, avec une voix généreuse au timbre agréable pour nos oreilles, ne connaît qu’une seule nuance : forte ! Pinkerton n’est pas Otello ! Toute la magie créée par sa partenaire dans le duo d’amour, est détruite par ce « hurleur » patenté.
Alain Guingal dirige amoureusement son orchestre. Quel bonheur de le voir respirer avec ses chanteurs ! Les couleurs et nuances dont il pare son interprétation rendent perceptible la tension qui imprègne la partition. Décidément, un grand chef de théâtre comme on souhaiterait en voir souvent.
Magnifique travail des chœurs maison sous la direction de Jean-Pierre Aniorte. La voix d’ange d’Hiromi Omura règne en souveraine sur la scène messine. Le public ne s’y trompe pas et lui réserve une standing ovation - chose rare dans le monde lyrique de nos jours.
Bernard Niedda
Opéra Théâtre de Metz. Puccini : Madame Butterfly, le 11 octobre.
Photo : DR
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