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Metz - Compte-rendu : Virevoltant Fra Diavolo

Fruit d’une coproduction avec le Théâtre Français de la Musique de Compiègne, ce Fra Diavolo est un petit bijou que la scène messine a bien raison de remettre au goût du jour, d’autant que ce petit théâtre -le plus vieux de France - se prête admirablement à un ouvrage tel que celui de Daniel-François-Esprit-Auber.

La mise en scène classique mais sans mièvrerie de Pierre Jourdan se distingue par sa précision et sa lisibilité. Le décor, moitié bâtis moitié toiles peintes, apporte le parfum suranné associé à ce répertoire - et surtout démontre, si besoin était, que cela suffit au bonheur d’une salle qui s’amuse tout au long du spectacle.

La Zerline d’Isabelle Philippe domine la distribution. L’artiste se rit avec une facilité déconcertante d’un rôle éprouvant. Elle possède une technique à toute épreuve ; le suraigu largement sollicité est d’une pureté angélique - et le style d’une perfection absolue. Qui a dit que l’on manque de chanteuses en France ?

Avec un timbre de ténor di grazia, Philippe Do campe un Fra Diavolo idéal. Sa prestation s’avère parfaite en tous points : mezza voce d’une qualité exceptionnelle, posée sur un souffle irréprochable, comédien habile. Quelle leçon de chant que son aria du troisième acte. Style, articulation : Gedda n’est pas loin !

Le couple Milord et Lady Pamela, comme le veut la tradition de l’opéra comique, est interprété sans aucune surcharge par Anne-Sophie Schmidt et Franck Cassard. Mi-mezzo, mi-soprano, la première possède un médium suffisamment corsé pour passer la fosse, tandis que son insupportable époux donne vie à son virevoltant personnage avec un joli timbre de ténor bouffe.

Le reste de la distribution se montre digne de ce beau spectacle. Mathias Vidal (Lorenzo) devrait toutefois moins pousser ses aigus s’il veut conserver sa voix.

L’Orchestre Français Alberic Magnard, sous la baguette experte de Michel Swierczewski, possède une belle pâte sonore. Les cordes soyeuses se mêlent à une petite harmonie aux timbres chaleureux : la musique d’Auber se pare de magnifiques clairs-obscurs.
Chœurs parfaits comme toujours dans une maison, qui, depuis quelques saisons, s’oriente vers le répertoire de l’opéra comique, très adapté à la jauge de la salle.

Bernard Niedda

Opéra-Théâtre de Metz, le 26 novembre 2006.

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Photo : DR
 

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