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​Momo Kodama en récital à la Maison de la Culture du Japon – Calligraphie pianistique

Affluence des grands soirs dans la magnifique salle de la Maison de la Culture du Japon à Paris pour le récital de Momo Kodama (photo) qui donne en première audition française les Etudes I à VI (2011-2013) d’une des plus importants compositeurs japonais d’aujourd’hui, Toshio Hosokawa (né en 1955). L’étude pour piano, genre décidément inépuisable que ce dernier vient d’enrichir de six magnifiques morceaux – puisse-t-il ne pas en rester là ! – et pour lesquels il revendique une écriture « calligraphique » - l’Etude III s’intitule d’ailleurs Calligraphie.

Hosokawa Toshio matsukaze

Toshio Hosokawa © Kaz Ishikawa

Hosokawa a l’humilité d’avouer une certaine « difficulté à exprimer son langage musical, façonné par un mode pensée oriental », avec le piano, « instrument né de la musique européenne ». « Ces six études sont les « études » que j’ai composées afin d’étudier comment je pouvais créer une musique qui me soit propre avec un piano », explique-t-il. 

Et le résultat est là, passionnant et admirablement servi par une pianiste qui se meut dans un univers certes abstrait mais jamais sec ou rebutant tant les jeux des lignes – et des points ! –  captive dans les quatre premières pièces, avant qu’on ne découvre la saisissante Etude n° 5 « Colère » ou la n° 6 « Chant », deux pages dans lesquelles le propos se fait plus incarné. L’aspect « calligraphique » n’exclut toutefois pas une vraie recherche sur le timbre, que Momo Kodama souligne avec subtilité – précisons qu’elle est l’heureuse dédicataire des Etudes III à VI.

Chopin, Debussy et Ravel complètent le programme. Les Mazurkas op. 24, le Scherzo n° 2, les Valses op. 69 du Polonais témoignent d’une approche sensible, pudique, dénuée d’effet, tandis que quatre Etudes de Debussy (octaves, huit doigts, agréments, arpèges composés), proprement magiques, tendent la main à celles d’Hosokawa par leur mélange d’abstraction et de poésie sonore. Affinités entre deux univers que Momo Kodama cultive par ailleurs dans une album Debussy/ Hosokawa, sorti il y a quelques jours et aussi original que convaincant (1).
Supérieurement maîtrisée, mais sans une once de l’esbroufe que tant de virtuoses pressés infligent à ce morceau (problématique il est vrai dans sa version pour piano solo ...), La Valse de Ravel conclut de façon aussi sobre que magistrale.

Le public de la Salle Philharmonique de Liège n’aura pas le bonheur d’entendre les Etudes d’Hosokawa lors du récital que Momo Kodama y donne le 26 février, mais les Chopin, Debussy et Ravel annoncés justifient que l’on réponde sans une hésitation à ce rendez-vous.
 
Alain Cochard

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(1) « Point and line », œuvres de Debussy et Hosokawa / ECM New Series 4814738

Paris, Maison de la Culture du Japon, 31 janvier 2017
Récital de Momo Kodama
Œuvres de Chopin, Debussy, Ravel 
26 février 2017 – 16h
Liège – Salle Philharmonique 
www.oprl.be/news-article.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=18&tx_ttnews%5Btt_news%5D=2535&cHash=d5434ad5ce

Photo Momo Kodama © Jean-Baptiste Millot

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