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Mririda d’Ahmed Essyad en création mondiale à l’Opéra national du Rhin/Festiva Musica - Sans mirliflore - Compte-rendu
Mririda d’Ahmed Essyad en création mondiale à l’Opéra national du Rhin/Festiva Musica - Sans mirliflore - Compte-rendu
Commande de l’Opéra national du Rhin et coproduction avec le Festival Musica de Strasbourg, Mririda constitue le sixième ouvrage lyrique d’Ahmed Essyad (né en 1939). Il s’agit toutefois de la part du compositeur d’un projet ancien, de près de vingt ans, reporté en raison de divers motifs (notamment de la commande entre-temps d’un autre opéra, Héloïse et Abélard en 2001). Essyad revient ici d’une certaine manière à ses racines, puisque l’action est plantée dans l’Atlas marocain, pour conter la destinée d’une femme révoltée, Mririda, en butte aux violences et aux fanatismes dans les années 1920. Le personnage qui donne son titre à l’opéra a donc existé, même si la trace qui en est restée demeure auréolée de légende.
C’est Claudine Galea qui a écrit le livret, sur des mots simples et directs, à partir du témoignage d’époque de René Eulogue. On aurait tort cependant de croire à un sujet pittoresque ou local, car le thème illustré, celui du combat contre toute forme d’intolérance, reste – et plus que jamais – universel et intemporel. Ce beau message, mais conflictuel sur fond de ravages et de guerres, explique le choix de l’écriture musicale d’Essyad, d’une structure exacerbée côté instrumental à grand renfort de percussions, soutenant une déclamation en forme d’impulsion. La tension ne relâche ainsi pas durant l’heure et quart de l’œuvre ; peut-être excessivement, si l’on omet deux fugaces passages aux couleurs de mélopée. On n’y rencontre guère, non plus, d’évocation quelconque de « musique orientale » ; sinon un héritage du langage post-sériel international, qui a fait le renom sans frontière de cet ancien élève de Max Deutsch. Et c’est très bien ainsi !
C’est Claudine Galea qui a écrit le livret, sur des mots simples et directs, à partir du témoignage d’époque de René Eulogue. On aurait tort cependant de croire à un sujet pittoresque ou local, car le thème illustré, celui du combat contre toute forme d’intolérance, reste – et plus que jamais – universel et intemporel. Ce beau message, mais conflictuel sur fond de ravages et de guerres, explique le choix de l’écriture musicale d’Essyad, d’une structure exacerbée côté instrumental à grand renfort de percussions, soutenant une déclamation en forme d’impulsion. La tension ne relâche ainsi pas durant l’heure et quart de l’œuvre ; peut-être excessivement, si l’on omet deux fugaces passages aux couleurs de mélopée. On n’y rencontre guère, non plus, d’évocation quelconque de « musique orientale » ; sinon un héritage du langage post-sériel international, qui a fait le renom sans frontière de cet ancien élève de Max Deutsch. Et c’est très bien ainsi !
© Alain Kaiser
Car l’effet de la musique combiné au livret se révèle vite saisissant, servi, de surcroît, par des interprètes fortement engagés. Les solistes vocaux proviennent de l’Opéra Studio de l’Opéra du Rhin, dans un chant bien senti et bien lancé, en particulier Francesca Sorteni, prenante héroïne dans le rôle-titre, mais aussi Louise Pingeot et Diego Godoy. Le chœur, celui de l’Opéra du Rhin, se révèle percutant dans ses nombreuses interventions, toutefois malencontreusement relégué dans la fosse de l’Auditorium de la Cité de la Musique de Strasbourg (alors que ce chœur est censé avoir une partie dramatiquement agissante). Le petit Ensemble orchestral du Conservatoire et de l’Académie de musique de Strasbourg sonne avec précision, malgré sa partie complexe, galvanisé qu’il est par la battue experte de Léo Warynski.
Ce serait plutôt du côté de la mise en scène d’Oliver Achard que le spectacle a tendance à s’ébrouer, entre gestiques et poses convenues de personnages en costumes crypto-Maghreb actuel, au-devant d’ombres projetées de maisonnettes. Un peu simple ! On ne doit pas cependant perdre de vue que cela représente avant tout un travail d’atelier, revenant au Conservatoire d’Art dramatique de la ville alsacienne, dont Achard est précisément le responsable. Un travail parfois un peu scolaire, donc, mais vaillamment convaincu, et au bout du compte convaincant.
Car l’effet de la musique combiné au livret se révèle vite saisissant, servi, de surcroît, par des interprètes fortement engagés. Les solistes vocaux proviennent de l’Opéra Studio de l’Opéra du Rhin, dans un chant bien senti et bien lancé, en particulier Francesca Sorteni, prenante héroïne dans le rôle-titre, mais aussi Louise Pingeot et Diego Godoy. Le chœur, celui de l’Opéra du Rhin, se révèle percutant dans ses nombreuses interventions, toutefois malencontreusement relégué dans la fosse de l’Auditorium de la Cité de la Musique de Strasbourg (alors que ce chœur est censé avoir une partie dramatiquement agissante). Le petit Ensemble orchestral du Conservatoire et de l’Académie de musique de Strasbourg sonne avec précision, malgré sa partie complexe, galvanisé qu’il est par la battue experte de Léo Warynski.
Ce serait plutôt du côté de la mise en scène d’Oliver Achard que le spectacle a tendance à s’ébrouer, entre gestiques et poses convenues de personnages en costumes crypto-Maghreb actuel, au-devant d’ombres projetées de maisonnettes. Un peu simple ! On ne doit pas cependant perdre de vue que cela représente avant tout un travail d’atelier, revenant au Conservatoire d’Art dramatique de la ville alsacienne, dont Achard est précisément le responsable. Un travail parfois un peu scolaire, donc, mais vaillamment convaincu, et au bout du compte convaincant.
Pierre-René Serna
Ahmed Essyad : Mririda (création mondiale) – Strasbourg, Auditorium de la Cité de la Musique et de la Danse, 25 septembre 2016.
Photo © Alain Kaiser
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