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Musique_et_entreprise - La Fondation Orange et la Fondation Royaumont – Fructueuse rencontre
Avec un budget global de 8,8 millions € en 2013, dont 2 dédiés à la musique, la Fondation Orange, qui a pris en 2007 le relai de la Fondation France Télécom (créée en 1987), compte parmi les principaux mécènes de la vie musicale française, sous ses multiples aspect vocaux comme chacun sait. Une fructueuse relation s’est nouée entre la Fondation Orange et la Fondation Royaumont. Après la Fondation Hermès, autre partenaire historique de Royaumont (dans le domaine chorégraphique), abordée en juin dernier (1), la récente inauguration (le 30 août) de la saison jubilaire de l’institution valdoisienne offre à Concertclassic l’occasion de se pencher sur ses liens privilégiés avec la Fondation Orange.
Concomitance
« Une relation très ancienne, rappelle Francis Maréchal, Directeur général de Royaumont. Favorisé par les dispositions de la loi Balladur, le vrai mécénat d’entreprise a démarré chez nous en 1988, c’est à dire au moment de la naissance la Fondation France Télécom. Il y avait donc concomitance entre le développement du mécénat à Royaumont et la naissance de la Fondation France Télécom (F.F.T.) A partir de 1990, celle-ci est devenue un mécène très important, couvrant l’essentiel du champ artistique de Royaumont ; elle soutenait à la fois le Centre de la Voix, ossature du projet culturel de Royaumont, mais aussi ce qui était à l’époque de tout jeunes ensembles : Organum (dir. Marcel Pérès) et Il Seminario Musicale de Gérard Lesne. »
C’est l’époque où la F.F.T. ne soutient qu’un nombre limité de projets dans le domaine musical. Fort de l’excellente relation que Francis Maréchal entretient avec Olivier Tcherniak, créateur de la F.F.T., et avec son assistante Marie-Annik Guénon-Robert, Royaumont bénéficie d’un soutien annuel de 2,3 millions de francs en moyenne entre 1990 et 1993.
Un indispensable Comité de sélection
« Très vite, note Marie-Sophie Calot de Lardemelle, en activité à la F.F.T./ Fondation Orange depuis deux décennies et Responsable du mécénat culturel, le développement de nos activités, la multiplication et la diversification des projets soutenus dans le domaine de la voix (il y en a 62 actuellement et, depuis l’origine, nous avons aidé plus de 120 ensembles) a mis en évidence la nécessité de sélectionner les projets sur les conseils de professionnels et de manière collective. Un Comité de sélection composé de cinq ou six experts (personnalités musicales, journalistes, musicologues, ethnomusicologues, directeurs de festivals, de chœurs, d’opéras, etc.), renouvelés de façon régulière, a donc été mis en place pour assurer une sélection rigoureuse des projets. Il se réunit deux fois par an en moyenne et je lui soumets environ 120 dossiers que j’ai présélectionnés parmi les 700 qui, grosso modo, me parviennent chaque année dans le domaine musical. Le Comité décide des soutiens et des montants. »
Un soutien pérenne à la Fondation Royaumont
Compte tenu de la multiplication des soutiens de la F.F.T., Royaumont voit naturellement le montant des aides de son mécène diminuer à partir de 1995, tout en demeurant depuis l'origine soutenu de façon pratiquement constante par celui-ci. « Grand partenaire » de Royaumont cette année, la Fondation Orange lui aura apporté 50 000 €, spécifiquement attribués aux masterclasses de René Jacos et à la journée « L’art du chant » qui a marqué l’ouverture de la Saison musicale de Royaumont, le 30 août. « La Fondation ne signe pas de convention pluriannuelle, précise M.-S. Calot de Lardemelle, mais étudie chaque année les projets qui lui sont soumis. Même s’il s’agit d’un soutien pérenne, il doit faire l’objet d’un réexamen. Royaumont n’a pas forcément été soutenu tous les ans mais compte toutefois parmi les dix grands partenaires aidés régulièrement depuis les débuts de la Fondation. Royaumont s’est trouvé avec une offre culturelle et artistique qui correspondait la plupart du temps à nos orientations. »
Un mode de fonctionnement que Francis Maréchal apprécie : « les dossiers sont instruits avec une grand probité et un scrupule incarnés par Marie-Sophie Calot de Lardemelle qui rencontre les porteurs de projets en amont et les guide dans la présentation de leurs dossiers. Ensuite, c’est le Comité artistique qui décide souverainement. Il effectue un travail très sérieux et j’apprécie la relation de confiance avec Marie-Sophie, sa bienveillance aussi."
Ouverture au contemporain
« La Fondation Orange aime prendre des risques, rappelle sa responsable. Nous n’aidons pas que des projets avec de grands artistes connus, le cœur de notre soutien est celui à de jeunes ensembles. Après avoir autrefois aidé Organum et Il Seminario Musicale, nous apportons aujourd’hui notre soutien à Raphaël Pichon (chef de l’Ensemble Pygmalion), et ce depuis ses tout débuts, mais aussi aux Cris de Paris, au Chœur Aedes. » Un témoignage d’une diversification des genres aidés par la Fondation Orange, de la musique ancienne au contemporain, dans les domaines sacré comme profane.
A Royaumont, le soutien au département Voix nouvelles au milieu des années 1990 illustrait déjà l’intérêt pour la musique d’aujourd’hui. Surfant sur la vague baroqueuse qui a suivi la découverte d’Atys en 1987, la Fondation F.F.T. aidait très majoritairement (à 90%) des ensembles de musique ancienne à ses débuts. Les temps ont changé ; elle est désormais concernée par tous les répertoires dits « classiques » et s’ouvre depuis trois ans environ au jazz et aux musiques du monde d’inspiration traditionnelle. Domaines qui attirent désormais aussi Royaumont.
Royaumont hors les murs
Attentive à l’essor de jeunes ensembles, la Fondation Orange l’est par ailleurs à l’insertion professionnelle des jeunes artistes. Après avoir soutenu les masterclasses de Gérard Lesne à Royaumont, dans le prolongement du soutien apporté pendant cinq ans au Seminario Musicale (masterclasses où l’on a vu émerger le talent d’un certain Philippe Jarroussky… dont le premier enregistrement a par la suite été réalisé avec l’aide de la F.F.T.), la Fondation Orange s’est par exemple engagée en 2010 dans le magnifique projet de la Kátia Kabanová mise en scène par André Engel, un grand fidèle de l’Abbaye, et était donc récemment impliquée dans les masterclasses de René Jacobs.
L’avenir de la relation entre Royaumont et la Fondation Orange ? « Sensible à la diffusion des projets soutenus », M.-S. Calot de Lardemelle, s’avoue « très intéressée par les activités de Royaumont hors les murs », entre autres au Festival d’Avignon où le Cloître des Célestins a cet été accueilli un cycle trans-arabe de cinq soirées.
Pour l’heure c’est vers l’Abbaye que les regards se tournent. La Saison musicale y bat son plein jusqu’à la mi-octobre, suivie d’une reprise très attendue de Kátia Kabanová aux Bouffes du Nord du 15 au 20 décembre.
Alain Cochard
(1) Lire l’article : www.concertclassic.com/article/musiqueetentreprise-la-fondation-dentreprise-hermes-royaumont-concordance-de-valeurs
Saison musicale de Royaumont, jusqu’au 14 décembre 2014 : www.royaumont.com
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Photo © Agathe Poupeney
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