Journal
Nabucco à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège – Etonnant Leo Nucci – Compte-rendu
Evénement à Liège avec un Nabucco qui bénéficie de la présence de l’inoxydable Leo Nucci (74 ans) dans un rôle qu’il n’a eu de cesse de défendre depuis un demi-siècle sur toutes les scènes internationales. La production, assez classique de forme, prend une dimension hors normes, grâce à la présence théâtrale et à l’autorité vocale dont le chanteur fait preuve.
La mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera (directeur général et artistique de l’Opéra Royal de Wallonie depuis 2007) proche du texte, les lumières contrastées de Franco Marri et les décors, tantôt symboliques tantôt kitch, d’Alexandre Heyraud (les palmiers en carton-pâte du troisième acte !), soutiennent sans cesse l’intérêt sans chercher à surprendre.
Avec l’apparition de Leo Nucci, le spectacle prend une tournure dramatique. On perçoit derrière chaque geste une identification au personnage de Nabucco en proie aux tourments, avec un moment exceptionnel de tension à la fin de l’acte II quand le Roi de Babylone perd la raison et se proclame Dieu. En baryton verdien authentique, Nucci possède une ligne de chant naturelle, un souffle puissant, un sens de la nuance et une diction qui continuent d’émerveiller, même si le timbre se révèle aujourd’hui moins éclatant.
A ses côtés, on découvre une équipe de haut vol dont se détache l’Abigaille incendiaire et vénéneuse de Virginia Tola surmontant crânement les difficultés d’une tessiture terrifiante. En Fenena, la soprano Na’ama Goldman se montre plus à son aise que Giulio Pelligra, souvent tendu dans son incarnation d’Ismaele, Roi de Jérusalem. Barbe déployée, l’impressionnant Zaccaria de Orlin Anastassov, haute stature de Grand Prêtre des Juifs, peine quelque peu à se libérer dans l’air introductif, mais gagne au fur et à mesure en stabilité et en contrôle avec pour conclure de spectaculaires graves de basse profonde.
Direction solide de Paolo Arrivabeni qui a le mérite de la cohérence et du respect de la tradition. Les musiciens de l’Opéra de Liège, très concentrés le soir de la première, apportent un surplus d’énergie dans les nombreuses interventions solistes. Les chœurs préparés avec soin par Pierre Iodice font leur effet dans l’incontournable « Va pensiero », malgré tout non bissé. Triomphe mérité pour Leo Nucci dont la joie au moment des saluts fait plaisir à voir.
Michel Le Naour
Liège, Opéra Royal de Wallonie-Liège, 18 octobre, prochaines représentations : 25, 26, 28 et 29 octobre 2016 / www.operaliege.be/fr/activites/nabucco
Photo © Lorraine Wauters / Opéra Royal de Wallonie
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