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Nancy - Compte-rendu : Ménage à trois chez les dieux
Décédé à Lunéville le 7 septembre 1741, il était normal que l’Opéra National de Lorraine rende hommage à Henry Desmarest, compositeur qui, avec Le Temple d’Astrée, inaugure le nouvel Opéra de Nancy en 1709. Crée en 1697 Vénus et Adonis retrouve une nouvelle jeunesse grâce à la complicité de Christophe Rousset. La musique fort belle louche du côté de Monsieur de Lully, avec peut-être ce manque de concision qui fait le charme du surintendant de Louis XIV. Le spectacle mis en scène par Ludovic Lagarde est des plus convenu. Rien de spectaculaire dans cette conception, un peu de magie et de machinerie auraient animées un spectacle fort beau plastiquement mais sur lequel plane un ennui certain.
Heureusement pour nous le plateau réuni pour la circonstance est de haut niveau.
Sébastien Droy que l’on avait pu applaudir « in loco » dans le comte Almaviva, nous gratifie dans le personnage d’Adonis d’une prestation exemplaire. Voix souple sur toute la tessiture, phrasé baroque impeccable et diction irréprochable.
Karine Deshayes, dans une superbe robe rouge, campe une Vénus envoûtante et l’on comprend les émois d’Adonis en la voyant paraître. La voix pulpeuse est bien conduite et le charme opère à chacune de ses interventions.
C’est à Anna-Maria Panzarella que revient la tache ingrate de donner vie à Cydippe, la rivale par qui le drame arrive. Avec un joli timbre fruité, un art consommé de la prosodie, elle forme avec les deux précédents un trio de choc !
Rien à dire sur le Mars de Henk Neven, non pas que la voix manque de charme, mais on n’adhère aucunement à ses emportements, et nuls frissons ne nous parcourt lors de ses imprécations à Bellone, fort bien chantée d’ailleurs par Ingrid Perruche malgré un costume fort laid.
Les nombreux personnages qui composent cette tragédie sont excellemment interprétés, avec une mention spéciale pour Anders Dallin, qui, dans « Un Plaisir et un Habitant », irradie la salle avec une voix souple et bien timbrée.
Ballet superbement réglé par Odile Duboc, qui, avec une chorégraphie moderne, intègre admirablement la gestique Baroque insufflée par l’Orchestre.
Christophe Rousset, à la tête des Talens Lyriques, donne de cette partition une interprétation juste, avec des violons charmeurs, auxquels on aurait souhaité des cordes graves plus présentes. Superbe travail réalisé avec les chanteurs, dont tous chantent dans un français impeccable, ainsi qu’un respect de la prosodie baroque qui force l’admiration.
Une création qui reste avant tout un charme pour les oreilles.
Nancy Opéra National de Lorraine le 2 mai 06
Bernard Niedda.
Photo : DR
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