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Nancy - Compte-rendu : Un Songe à la croisée des mondes
L’Opéra National de Lorraine a confié, pour sa fin de saison, le Songe d’une nuit d’été du tandem Britten/Pears à Jean-Louis Martinoty. Celui-ci situe cette Phantasy théâtrale, dans un lieu unique, la forêt athénienne où règne Oberon et tout un peuple d’êtres imaginaires. Le monde brut des Athéniens s’y télescope avec la représentation des deux couples d’amoureux très british, élégants et raffinés. Les artisans sont représentés au premier degré pour rendre compte de personnages simples et plutôt sympathiques, chacun portant sur son costume le signe distinctif de son métier. Eclairages dominés par le bleu et le vert ; nappes de brume : une atmosphère surréaliste se dégage du spectacle.
La direction de Juraj Valcuha (photo) tire la partition du côté de la musique de chambre. Dès les premiers glissandi des cordes graves la magie opère. L’écriture martiale, qui accompagne les fées de Tytania, est mise en relief par une percussion omniprésente, mais sans lourdeur. Les cuivres manifestent la fluidité nécessaire, tout en gardant une belle profondeur, pour intensifier le conflit des couples d’amoureux. Tout dans l’approche du jeune chef slovaque souligne la magie et le charme d’une belle nuit d’été.
La distribution est dominée par le splendide Oberon de Rachid Ben Abdeslam, au timbre sensuel et d’une grande souplesse qui passe la fosse avec une grande facilité. Les couples d’Athéniens interprétés respectivement par Delphine Galou (Hermia), Chad Shelton (Lysander), Jean-Sébastien Bou (Demetrius) et Delphine Murray (Hermia) incarnent leurs personnages avec un chant qui aurait demandé un peu plus de subtilité. Nous assistons à un concours de décibels qui devient fatiguant à la longue.
Maïra Kerey (Tytania) se tire avec honnêteté d’un rôle épouvantable, mais la chanteuse devrait apprendre à donner ses aigus en souplesse et, surtout, à varier ses nuances. Virevoltant Puck du comédien Brian Green.
Des artisans, admirablement caractérisés vocalement, se détachent le Bottom à la voix percutante de Ian Paterson et le Flute alerte de François Piolino, parfait tandem de joyeux compères.
Superbe de musicalité et d’agilité vocale, le Chœur féminin de l’Opéra National de Lorraine donne ici une belle leçon de style.
Bernard Niedda
Opéra National de Lorraine, le 20 juin Autres représentations les 22, 24,25, 27 et 29 juin 2008
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Photo : DR
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