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Nantes/Angers : la musique française à l’honneur
Un concert Ravel-Hersant par l’Orchestre National des Pays de la Loire sous la baguette de l’excellent chef slovaque Juraj Valcuha (photo ci-contre), un hommage à Pierre Boulez par l’Ensemble Intercontemporain et Daniel Kawka : sous des visages très variés, la musique française est à l’honneur à Nantes puis à Angers Quoi de plus logique que le choix de Ravel, en l’occurrence Le Tombeau de Couperin, pour ouvrir un concert dédié à Philippe Hersant ? Ravel avouait son admiration pour les maîtres du passé. En pleine première guerre mondiale, son Tombeau célèbre l’idéal de clarté d’une époque lointaine – que Debussy saluait au même moment dans trois non moins géniales sonates. Ravel qui ne cachait pas par ailleurs son admiration pour Mozart, Chopin, Liszt, Chabrier ou Saint-Saëns…
Philippe Hersant (né en 1948) revendique lui aussi un ancrage profond dans la mémoire de la musique, occidentale ou extra-occidentale – grâce à Jolivet il a appris à aimer des musiques venues d’horizons lointains. Rien de rétrograde pourtant chez l’auteur des Ephémères, aucune nostalgie des formes classiques. Le passé est un terreau qui nourrit l’aventure d’une démarche créatrice exempte de tout systématisme, profondément instinctive et mue par un véritable amour du timbre instrumental.
Finement ciselées, les Cinq Pièces pour orchestre (1998) données par l’ONL et Juraj Valcuha (prononcer valtchoua) l’illustrent d’une façon elliptique tandis que le Concerto pour violoncelle n°2 (en un seul mouvement) qu’interprète Jian Wang relève de ces labyrinthes sonores dans lesquels Hersant aime à entraîner l’auditeur. Créé en 1998 par le violoncelliste chinois, ce concerto a été inspiré par un scénario que Fellini ne tourna jamais : Il viaggio di G. Mastorna (le récit du voyage d’un violoncelliste au royaume des morts). « Le violoncelle apparaît dans ce concerto comme le héros d’un opéra sans paroles », note le compositeur.
Un « labyrinthe », tel est également le terme utilisé par Pierre Boulez au sujet du Marteau sans maître-1953-1957, une œuvre pour voix d’alto et six instruments étroitement associée à son auteur et emblème des « années Domaine musical » où elle vit le jour (1). Ursula Hesse von Den Steinen interprète l’ouvrage avec les musiciens de l’Ensemble intercontemporain sous la baguette de Daniel Kawka. En complément, Dérive 1 et Dérive 2 dévoilent des aspects plus récents de la production de Boulez. (1984 et 1988-2005), Dérive 2 s’inscrivant, de l’aveu du compositeur, dans la lignée de certaines pages de Ligeti.
Alain Cochard
Orchestre Nationale des Pays de la Loire. Ravel/Hersant : le 18 avril à Nantes (Cité des Congrès), le 19 à Angers (Centre de Congrès).
Ensemble intercontemporain. Boulez : Le 20 à Nantes, le 21 à Angers
(1) A ceux qui souhaiteraient se replonger dans l’univers sonore du Domaine musical, signalons la récente parution de deux coffrets chez Universal.
Photo : DR
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