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Narek Hakhnazaryan, Tugan Sokhiev et l’Orchestre national du Capitole à Pleyel – Justesse de ton - Compte-rendu

Narek Hakhnazaryan

Présent régulièrement à Pleyel depuis quelques saisons, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse a désormais ses fidèles. Quatre mois après une mémorable version de concert de Boris Godounov, un public nombreux était à nouveau au rendez-vous pour entendre Tugan Sokhiev diriger Chostakovitch et Tchaïkovski.
 

Tugan Sokhiev / © Patrice Nin

Le jeune maestro est dans son jardin. On se réjouit d’entendre en début de première partie la rare Suite op. 114a tirée de Katerina Ismaïlova. Choix original, cette excellente entrée en matière montre l’aptitude de Sokhiev à sonder les climats de chacun des cinq épisodes (on est saisi par la densité du n° 3 Largo et par le foisonnement du n° 4 Allegretto où les vents de l’ONCT font des merveilles !) tout en les enchaînant avec beaucoup de naturel.

Ce n’est pas la première apparition du violoncelliste Narek Hakhnazaryan (photo) à Paris, mais les Variations rococo qui suivent permettent en tout cas à un large public de prendre la mesure du talent du jeune artiste arménien (né en 1988). Médaille d’or du Concours Tchaïkovski l’an dernier, Hakhnazaryan emporte l’adhésion par sa justesse de ton. Quand d’autres en font des tonnes, lui préfère une vivacité, un humour (très joli échange avec le beau violon solo de Geneviève Laurenceau !), un équilibre qui s’épanouissent dans le bel écrin attentivement façonné par Sokhiev. Vrai hommage à l’esprit du XVIIIe siècle que ces Rococo chaleureusement accueillies. Trois bis : Lamentatio de l’Italien Giovanni Solimma, où la voix psalmodiante du violoncelliste se mêle au chant profond de son archet, Chonguri du Géorgien Sulkhan Tsintadze, éblouissante pièce en pizzicati, et Bach, pour terminer sur des terres plus familières…

Œuvres familière aussi que la «Pathétique », mais nul ne se plaindra de l’entendre ainsi conduite. Les fruits du travail du directeur musical depuis son arrivée à Toulouse, de l’élargissement du répertoire et du rajeunissement de membres de l’Orchestre s’illustrent dans une approche dense, sobre, dédaigneuse de l’effet et des facilités lacrimo-sentimentalistes.

La fin de la saison approche et les mélomanes présents à Toulouse le 28 juin ne manqueront pas le concert de clôture que Tugan Sokhiev consacre à la 3ème Symphonie de Mahler.

Alain Cochard
Paris, Salle Pleyel, 5 juin 2014

Photo @ Patrice Nin

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