Ouverture sous le signe du minimalisme pour le 36e Festival d’Automne avec l’opéra Neither de Morton Feldman, une partition composée en 1976-1977 en réponse à une commande de l’Opéra de Rome. Un opéra ? Le terme est excessif s’agissant d’une partition que le compositeur américain – bien peu intéressé par le genre opéra d’ailleurs… - présentait plus volontiers comme « un poème (…) étendu à la durée d’un opéra ».

On peut en effet difficilement parler de livret au sujet du texte que Samuel Beckett proposa à Morton Feldman(1926-1987) : un seul personnage féminin pour un monologue de seize lignes – pas une de plus ! Dépouillement absolu ; la plume d’un compositeur qui aimait à jouxter le silence parvient ici à une belle illustration des propos de celui qui affirmait : « La musique peut impliquer l’infini, si assez de choses s’écartent suffisamment de la norme»…

Une heure musique hautement dépaysante donc. Neither pourrait faire un certain bien après l’océan de laideur dans lequel Ariane et Barbe Bleue selon Anna Viebrock nous a plongés à l’Opéra Bastille… Pauvre Dukas, pauvre Maeterlinck… La soprano finnoise Anu Komsi sera l’interprète d’une version de concert dirigée par Emilio Pomarico à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio de Francfort.

Neither ouvre une édition 2007 qui, jusqu’aux premiers jours de décembre, réserve nombre de rendez-vous aux mordus de musique d’aujourd’hui, avec des interprètes tels que Pierre Boulez et l’Ensemble Modern Orchestra ou François-Frédéric Guy pour ne parler que des concerts à venir dans les jours prochains. Un peu plus tard, on pourra entendre des compositeurs issus du Moyen Orient, mais aussi goûter à des programmes qui résultent de la collaboration du Festival d’Automne avec deux musées disposant de beaux auditoriums : Le Louvre et Orsay.

Alain Cochard

Feldman/Beckett : Neither Cité de la Musique
Samedi 22 septembre à 20h

36e Festival d’Antomne
Rens./ Rés. : 01 53 45 17 17
www.festival-automne.com

Photo : DR