Journal
« The New Gustav Leonhardt Edition » (35 CD Warner Classics) / Le Disque de la Semaine – Hommage à un grand serviteur de la Musique – Compte-rendu
Warner Classics nous convie à un grand voyage en sa compagnie, seul ou entouré d’artistes qui ont beaucoup compté pour lui : son épouse, la si précieuse violoniste Marie Leonhardt, le flûtiste Frans Brüggen, le violoniste Jaap Schröder, le violoncelliste Anner Bylsma ou les frères Kuijken.
Pionnier et maître du renouveau baroque, Gustav Leonhardt aimait à se présenter comme un serviteur de la musique. Un très grand serviteur particulièrement actif et d’un grand éclectisme. Son amour indéfectible pour Jean-Sébastien Bach (16 CD en témoignent dans ce coffret) ne saurait faire oublier les autres compositeurs qui figurent en bonne place dans ce florilège : Purcell (pour lui une musique « surprenante et merveilleuse »), Monteverdi, Rameau, Byrd, Böhm, Scarlatti, Frescobaldi, Froberger, Kuhnau, Couperin, Carl Philipp Emanuel Bach et bien d’autres.
Au clavecin, à l’orgue, au clavicorde ; comme chef d’orchestre aussi, même si la direction restait secondaire. « Cela a toujours été un à-côté : je n'ai pas de chœur, pas d'orchestre, pas de baguette ! Je dirige seulement lorsque des ensembles me le demandent. Ils sont si gentils de m’inviter ». L’artiste, comme l’homme était un savant mélange d’élégance, de probité et de rigueur. Rigoureux avec lui-même, il confessait avoir beaucoup appris en écoutant Alfred Deller. Pour le contre-ténor anglais, la diction était en effet plus importante que la beauté de sa voix. C’est Deller qui lui avait appris l’éloquence au clavecin et à l’orgue. « Mon meilleur professeur, mais il l’ignorait ».
Comme le souligne la belle plume Gaëtan Naulleau dans le livret, ce coffret nous offre « outre les réussites cent fois fêtées et les opus à réévaluer, des réalisations moins accomplies mais révélatrices ». Invité par Jacques Drillon à donner son avis sur Herbert Karajan, Gustav Leonhardt avait répondu avec malice que le chef d’orchestre autrichien avait « fait carrière en montrant son dos ». Aujourd’hui, dix ans exactement après sa disparition, Gustav Leonhardt se présente face à nous. Grâce à ce coffret, il est debout, tel un géant bien vivant et son aura est intacte.
Thierry Geffrotin
A tous les passionnés de l'art de Gustav Leonhardt, on ne peut que recommander la consultation du très riche site consacré à l'artiste : leonhardt-archive.com/
« The New Gustav Leonhardt Edition » - Warner Classics (35 CD)
Derniers articles
-
20 Novembre 2024Michel ROUBINET
-
19 Novembre 2024Alain COCHARD
-
19 Novembre 2024Pierre-René SERNA