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Nice - Compte-rendu - Elisabeth Vidal retrouve Lakmé
« Lakmé », l’histoire de cet amour impossible entre un officier britannique et la fille d’un brahmane, consacra la gloire de Léo Delibes en 1883 et lui ouvrit, un an plus tard, les portes de l’Académie des Beaux-Arts. La soprano colorature Elisabeth Vidal triompha dans ce rôle à l’Opéra Comique en 1995. Il s’agissait donc d’heureuses retrouvailles pour la première niçoise de cette Lakmé.
Plus tragédienne que jamais Elisabeth Vidal, qui joue alternativement l’ingénue, l’amoureuse et finalement la sacrifiée, a offert au public son inimitable voix au timbre léger et clair, passant -parfois avec quelque prudence - les multiples et impressionnants aigus d’une œuvre qui n’en manque guère. Elle émeut dans le célèbre « duo des fleurs » avec sa servante Malika, interprétée par Claire Brua. Elle jongle ensuite avec les vocalises de l’ « air des clochettes » où elle doit chanter sur la violente injonction de son père, le brahmane Nilakantha superbement incarné par Marc Barrard, basse dont les qualités vocales et la diction parfaite ont été ovationnées par le public.
La soprano charme pourtant davantage dans le dernier acte où -intensité croissante de l’action dramatique oblige- son chant devient plus intérieur, plus douloureux, plus convaincant aussi. Dans sa prise de rôle de Gerald, le ténor Léonardo Capalbo campe un officier britannique éminemment sensible et dont la voix magnifique, nourrie d’accents particulièrement émouvants, semble emportée par cette romance. Certes louables, ses constants efforts de diction nuisent parfois à la qualité et au naturel de son interprétation. Sans le rendre compréhensible pour autant, sauf dans la dernière partie où il s’améliore substantiellement. Dans le rôle de Frédéric, le baryton Jean-Luc Ballestra donne également le meilleur de lui-même dans ce troisième acte, décidément catalyseur des talents et révélateur des traits de caractère.
Dans cette production de qualité, on regrettera une mise en scène minimaliste, plutôt statique (Jean-Louis Pichon) et des décors (Alexandre Heyraud) qui sombrent dans les poncifs poussiéreux de la mystique hindouiste. Heureusement, les costumes de Frédéric Pineau rehaussent le relief scénique en symbolisant par l’opposition radicale des couleurs - le blanc immaculé de l’uniforme britannique contre un pastel orangé plus mystérieux des autochtones - le choc frontal entre ces deux civilisations.
Au pupitre, Alain Guingal s’implique totalement afin d’obtenir du Philharmonique de Nice toutes les nuances, tous les infléchissements nécessaires à l’émotion. Son interprétation privilégie l’essence lyrique d’une œuvre dont la poésie des couleurs annonce la venue du modernisme musical. Une poésie touchante malgré la trame coloniale un peu usée, et à laquelle le public niçois a réservé un accueil chaleureux.
Jean-Luc Vannier
Opéra de Nice, vendredi 20 mars, puis les 24 et 26 mars 2009
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Photo : DR
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