Faute de gouttes de sueur et de « liqueurs de chair », comme dirait Angelin Prelocaj, voici sur nos écrans, trois échantillons très révélateurs de ce que la jeunesse contemporaine trouve à dire par le biais de la danse, et ce grâce à l’action menée par la Caisse des Dépôts pour la création, chorégraphique autant que musicale, qui leur ouvre ici la prestigieuse scène du Théâtre des Champs-Elysées. Ces actes de foi en des modes d’expression pas encore codifiés ou de révolte envers les barrières contemporaines, que l’on va pouvoir apprécier en mode numérique obligé, mettent en regard la variété de talents polymorphes, forgés grâce à la rencontre de races, de villes, de codes sociaux, de lieux bigarrés, de traditions aimées pour mieux être transgressées.
 

© Jeff Rabillon

Moins limités que ce que l’on croit, trois jeunes artistes, créateurs chacun à sa manière, explorent les ressources dynamiques autant que psychologiques du corps. Avec Valentine Nagata-Ramos, et la compagnie Uzumaki, voilà le hip-hop, et les cohortes de danses urbaines, mêlées de formes aux noms indicibles, on se bat pour un horizon féminisé avec BE.GIRL.
Pour Amala Dianor, à la carrière déjà sérieuse puisqu’il a été programmé à la Maison de la Danse de Lyon et au Festival de Montpellier l’an passé, tous les mélanges sont possibles, avec une bonne base classique, ce qui donne de la solidité à son discours : son Falling stardust  est une belle plateforme pour l’envol des corps. Et son désir de s’engager pour aider les plus jeunes danseurs donne des résultats prometteurs, notamment en Afrique de l’Ouest, avec laquelle il collabore.
Enfin, avec Tarek Aït Meddour, venu des arts martiaux et créateur de la petite compagnie Colegram, Résister, mêlant danse urbaine et académique avec une totale liberté, autant qu’il est possible si l’on veut rester intelligible, est un acte de vie, de combat, d’élans. La Caisse des Dépôts les a distingués et aidés pour cette ardeur sans préjugés, mais non sans rigueur. Chaque prestation sera donc visible en mode numérique mais témoignera du réel d’un art en constante évolution.
 
Jacqueline Thuilleux

Valentina Nagata-Ramos, le 17 décembre 2020, 19h30,
Amala Dianor, le 5 janvier 2021, 10h,
Tarek Aït Meddour, le 8 janvier 2021,10h,
retransmis en live sur France TV-Culture box, et au fur et à mesure sur la chaîne Youtube du Théâtre des Champs-Elysées :
www.youtube.com/channel/UCL469QGBxovzzlVpNPTDO2g  

© Jeff Rabillon