La première tranche des travaux programmés jusqu’en 2011 est achevée et l’Opéra Comique peut enfin entamer la première saison signée par Jérôme Deschamps (photo), avec une production attendue de L’Etoile d’Emmanuel Chabrier (1841-1894) dans la mise en scène du tandem Makeïeff-Deschamps.

On a bien des motifs de se réjouir d’un tel choix. Idéalement adaptée à un lieu tel que Favart, l’opérette de Chabrier est l’une des plus parfaites réussites d’un musicien dont la France ne mesure pas toujours assez le génie et l’importance historique - Ravel et Poulenc ont pourtant dit leur dette envers l’auteur d’España…

C’est d’ailleurs un chef britannique, Sir John Eliot Gardiner, qui lors de son règne à l’Opéra de Lyon et dans la foulée d’une production de l’ouvrage, réalisa en 1984 un enregistrement de référence réédité il y a peu en série économique(1). Euphémisme d’écrire que Gardiner aime et comprend la délectable partition que Chabrier fit découvrir au public des Bouffes Parisiens le 28 novembre 1877.

L’impatience est d’autant plus grande de l’y retrouver, à la tête de son Orchestre Révolutionnaire et Romantique, que l’on imagine bien Macha Makeïeff et Jérôme Deschamps tirant parti de la fraîcheur et de la loufoquerie de l’argument de Leterrier et Vanloo, avec le concours d’une belle distribution : Jean-Luc Viala, Jean-Philippe Lafont, Christophe, Gay, Stéphanie d’Oustrac, Anne-Catherine Gillet, Blandine Staskiewicz et François Piolino. Bref, la vie promet de ne franchement pas être triste au royaume de sa majesté Ouf 1er !

Une production de L’Etoile sur une scène parisienne constitue un événement, surtout avec des interprètes de cette qualité, mais il ne faudrait pas pour autant que les huit représentations que la salle Favart propose du 13 au 23 décembre occultent un autre pan important de la programmation : les « Rumeurs ».

Chaque production de la saison est en effet complétée d’un volet ainsi dénommé qui apporte un autre éclairage sur le compositeur et invite ses contemporains. Les « Rumeurs » autour de l’Etoile sont ainsi l’occasion de découvrir l’exposition « Chabrier et la vie parisienne » ou de déguster une lecture de lettres de l’auteur de la Bourrée fantasque par Luc-Antoine Diquéro (2). Mais on trouve aussi divers récitals et concerts : la Boîte à Joujoux de Debussy avec l’Ensemble Agora ets Nathalie Dessay en récitante, un récital du duo de pianos Bizjiak, des mélodies de Chabrier, Poulenc et Ravel par le baryton Marc Mauillon accompagné par Anne le Bozec et un programme Saint-Saëns, Debussy, Ravel par l’Orchestre National sous la baguette de l’excellent Yannick Nézet-Séguin.

Enfin, cerise sur le gâteau, Benjamin Lévy dirige le soir du 25 décembre, une version de concert de deux autres opérettes du truculent Auvergnat : Fisch-ton-Kan (livret de Paul Verlaine !) et Une éducation manquée. On se donnera donc aussi la peine de goûter aux « Rumeurs » – et sans se faire prier !

La prochaine production de la salle Favart fera à nouveau place à la musique française, mais baroque cette fois avec Cadmus et Herminone de Jean-Baptiste Lully, mis en scène par Benjamin Lazar et dirigé par Vincent Dumestre (du 21 au 27 janvier). Un spectacle qui marque le démarrage d’une collaboration à long terme du Comique avec le Centre de Musique Baroque de Versailles.

Alain Cochard

Emmanuel Chabrier / L’Etoile du 13 au 23 décembre 2007.

Rumeurs autour de L’Etoile, du 14 au 25 décembre 2007.

(1) 2 CD EMI Classics 3 58688 2

(2) La volumineuse correspondance de Chabrier a été publiée aux éditions Klincksieck. Une lecture passionnante et savoureuse ; une clef irremplaçable dans la compréhension de l’univers du musicien.

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Photo : Marc Enguerand