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Opera Fuoco fête ses vingt ans au Théâtre des Champs-Elysées – Bonne humeur printanière – Compte-rendu

 

La mèche en bataille, l’humeur épanouie, le dynamique David Stern donnait le la d’une soirée toute en émotivité affectueuse et en musicalité frémissante, célébrant avec plusieurs de ses meilleures recrues, les deux décennies qu’il a consacrées à faire accéder au dur et exaltant métier des planches des jeunes gens qui avaient surtout cultivé leur voix. Une salle complice faite d’amis, de fidèles et d’amateurs de musique sans fard, a donc fêté ce réjouissant panorama composé et joué avec à la fois une sorte de grâce débonnaire et une exaltation très vive, dont Karine Deshayes ,avec son métier d’acier, assurait le bon déroulement en marraine avisée, tandis que Stern et ses musiciens d’Opera Fuoco, plus que vitaminés, promenaient  le public dans trois siècles d’opéra et que les jeunes chanteurs défilaient, passant de Telemann à Bellini et de Haendel à Gounod.
 

 
Des surprises avaient été envisagées : c’est Laurent Naouri qui créa la principale en faisant irruption sur scène à la toute fin, en plein délire loufoque pour les Noces de Figaro où il fit crouler la salle de rire avec ses mimiques. Lui dont la voix est si sombre et le physique parfois inquiétant ! Autre surprise, moins bonne, la défection de Vanina Santoni et d’Adèle Charvet. Ce qui a permis de découvrir, frétée en catastrophe, l’émouvante Ukrainienne Irina Kyshliaruk, passée trois années durant à Opera Fuoco et qui fit onduler le déchirant « Qui la voce » des Puritani  de Bellini comme une écharpe de mousseline.Très belle découverte belcantiste, tandis que Karine Deshayes venait de lancer les fameux « ma » de l’air de Rosine du Barbier de Séville avec une drôlerie irrésistible, et que Léo Vermot-Desroches se lançait à cœur perdu dans le vibrant « Ah ! lève- toi, soleil » du Roméo de Gounod.
 

Karine Deshayes, Irina Kyshliaruk, Cyrielle Ndjiki Nya, Axelle Fanyo © Opera Fuoco

Et puisqu’il faut bien attribuer un prix d’excellence, bien que la soirée ne fut en rien une compétition, on a été très impressionnés par la présence, la beauté et la force altière de la soprano Cyrielle Ndjiki Nya dans Idoménée, une grande assurément, passée par l’Académie Jaroussky, et dont la carrière va croissant.(1) Tous joyeux, reconnaissants au maître d’œuvre de la passion et la rigueur avec lesquelles il les a guidés toutes ces années. Rassemblés dans un éblouissant final choisi à bon escient chez Mozart, avec la scène finale des Noces de Figaro, (où on aura particulièrement repéré la jeune basse Olivier Gourdy, à la présence indiscutable en Figaro) : un moment ludique et  profondément humain, qui dépassait les époques, alors que Telemann ou Offenbach étaient tellement inscrits dans les leurs respectives. Vérité suprême de la musique.
 
Jacqueline Thuilleux

 

 
(1) Rappelons le très beau récital « Muses éternelles » que Cyrielle Ndjiki Nya a signé au côté de la pianiste Kaoli Ono dans la série « Futur » de Mirare.
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 9 avril 2024   

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Photo © Opera Fuoco   

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