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Orchestre du Capitole/16e Festival Toulouse les Orgues - Franck en majesté - Compte-rendu
Aucune œuvre avec orgue dans le programme donné par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse en partenariat avec le 16e Festival Toulouse les Orgues, et pourtant l’instrument à tuyaux plane sur l’ensemble du programme dirigé par Tugan Sokhiev.
Orchestrées par Luc Antonini (organiste et professeur au Conservatoire de Montpellier), les Trois Danses pour orgue de Jehan Alain effectuent en réalité un retour à leur forme originelle. C’est pour orchestre que l’œuvre fut en effet conçue, version perdue avec son auteur au moment de sa mort tragique en 1940. Par bonheur, peu avant cette issue fatale, Alain avait réalisé à l’intention d’une amie organiste un arrangement pour orgue, forme sous laquelle les Trois Danses sont désormais connues. Il est passionnant de découvrir le travail d’Antonini (nouvelle mouture d’une première orchestration déjà jouée par l’ONCT en 2007) à la fois attentif à la richesse rythmique (1ère Danse à la saveur assez jazzy) et à la subtile palette de timbres de l’ouvrage et d’y entendre une phalange qui démontre que, si évolution il y a eu depuis l’arrivée du jeune chef ossète, elle n’a rien perdu de la couleur spécifique qui la distingue dans le répertoire français. Souterraine, mystérieuse, la 2ème Danse (Deuils) marque le moment le plus prenant de cette orchestration-retour aux sources.
Changement de climat avec la Toccata et fugue en ré mineur de Bach dans l’arrangement de Leopold Stokowski. Par la netteté des attaques, la fermeté des lignes (la fugue !), l’interprétation ôte son côté « mastodonte » à la transcription du chef américain, tout en jouant sans complexe la carte de la jubilation sonore, du violon solo de Blagoja Dimchevski jusqu’au tuba de Sylvain Picard.
Le grand moment de la soirée reste toutefois à venir. Après l’entracte, Sokhiev s’empare de la Symphonie en ré mineur de César Franck, partition hantée par les sonorités de l’orgue - et que nos orchestres ne jouent finalement plus beaucoup. Vision puissante mais sans une once de lourdeur ou d’opacité, racée, virile. Peu de formations en France peuvent se comparer à l’ONCT pour le sens du « collectif » qui le caractérise. Tous les instrumentistes ne font plus qu’un et deviennent le prolongement d’une baguette à l’autorité indiscutable quoique jamais cassante, amoureuse de la couleur mais nullement narcissique. L’œuvre du Pater Seraficus rayonne, aussi majestueuse que lisible dans sa rigoureuse organisation cyclique ; comme rayonne un orchestre plein de projets et dont le jeune patron a prolongé il y a quelques mois son contrat jusqu’en 2016.
La transcription est d’ailleurs très « tendance » cet automne à l’ONCT. Après la Toccata et Fugue de Bach/Stokowski, c’est le Quatuor avec piano op 25 de Brahms transcrit par Schoenberg qui occupe le programme du prochain concert (21/10), couplé avec le Concerto pour violon de Brahms sous l’archet de Vadim Gluzman, magnifique soliste trop peu présent en France.
Alain Cochard
Toulouse, Halle au Grains, 15 octobre 2011
www.onct.marie-toulouse.fr
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Photo : Marco Borggreve
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