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Paris - Compte-rendu : Akiko Ebi et Antonio Rosado : deux pianos à Gaveau
Lorsqu’Akiko Ebi, la plus française des pianistes japonaises, et Antonio Rosado (photo ci-contre), l’un des meilleurs représentants de l’école portugaise, se frottent au genre si exigeant du deux pianos, mieux vaut ne pas rater le rendez-vous.
Datées de 1874, les Variations sur un thème de Beethoven op.35 de Saint-Saëns ouvraient leur superbe récital à Gaveau, le 23 mars dernier. Si les signes distinctifs du génie pur font plutôt défaut à l’œuvre - inspirée d’un thème extrait du Menuet de la Sonate en mi bémol majeur op.31 n°3 - celle-ci est toutefois considérée comme le type parfait du duo pianistique. Akiko Ebi et Antonio Rosado en magnifient l’élégance classique dans un dialogue intime et raffiné. Délice d’équilibre, sonorités fondantes et nuances moirées, les deux musiciens font preuve d’une complicité et d’un sens du partage aiguisés. Les Danses Symphoniques op.45 de Rachmaninoff entraînent les pianistes dans une nuit électrique et tourmentée. Des jeux de résonances et de pédales très habiles baignent les pièces d’une lumière spectrale complètement appropriée. L’évidence du chant transparaît avec force, particulièrement dans les parties lentes du 1er et du 3ème mouvement (Non Allegro et Lento assai-Allegro vivace). Valse fantomatique, l’Andante con moto ressuscite un monde d’outre-tombe. Les deux pianistes, mus d’élans de funambules, s’y montrent très convaincants.
Après l’entracte, le duo s’attaque à Gershwin avec un pot-pourri de Porgy and Bess , signé Percy Grainger. Une douzaine de pièces aux accents populaires dans lesquelles les musiciens donnent libre cours à leur fantaisie et à leur exquise musicalité (magnifique Summertime).Enfin, Akiko Ebi et Antonio Rosado se lancent avec fougue et emportement dans le trépidant Scaramouche de Darius Milhaud. Dotés tous deux d’une technique impeccable, ils se permettent des tempi inconsidérés et exultent littéralement dans Brazileira, qui n’est autre qu’un mouvement de Samba !Le public en redemande et est exaucé avec générosité puisque le duo revient dans un premier bis avec la première Etude en forme de canon de Schumann/ Debussy, puis avec les vertigineuses Variations sur un thème de Paganini du polonais Lutoslawski..
Salle Gaveau, jeudi 23 mars 2006
Nicolas Nativel
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Photo : DR
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