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Paris - Compte-rendu - Christoph Eschenbach, le meilleur et le pire
En ce début de saison, Christoph Eschenbach est très présent à Paris. Ses concerts se succèdent Salle Pleyel et laissent sur des impressions mitigés. Le 22 octobre, on est déçu par l’ouverture de de Schumann, roide, lourde et épaisse. Pourtant le redoutable Konzertstück pour quatre cors et orchestre en fa majeur opus 86 du même compositeur change totalement la donne. Les quatre cornistes de l’Orchestre de Paris (Benoît de Barsony, Jean-Michel Vinit, Philippe Dalmasso et Jérôme Rouillard) défendent à merveille cette œuvre ancrée dans le romantisme allemand, soutenue avec vigueur par l’accompagnement du chef.
En seconde partie, dans les Knaben Wunderhorn de Mahler, le baryton Matthias Goerne tient la vedette (présence théâtrale hallucinée digne de Wozzeck, engagement physique, diction parfaite malgré un timbre un peu sourd), mais Christoph Eschenbach lui procure un écrin somptueux, presque onirique, instillant un climat tantôt nocturne, tantôt lumineux auquel ne manque qu’un brin d’humour (lieder : Éloge de la haute compétence et Peine perdue). Le public est ravi d’une telle osmose entre les interprètes.
La semaine suivante, dans la création française des Hérodiade-Fragmente de Matthias Pintscher (une œuvre de 1999), le sex appeal de la soprano américaine Marisol Montalvo et la puissance de sa voix, digne d’une Salomé, ne réussissent pas à combler l’écart qui sépare le poème labyrinthique de Mallarmé de la traduction faite par le compositeur allemand. Les écarts d’une partie vocale accidentée interdisent toute compréhension du texte, ce qui paraît rédhibitoire.
L’interprétation de la Symphonie n°9 en ut majeur de Schubert ne convainc pas plus. Son surnom de « Grande » n’interdit pas subtilité, nuance et sens de la mesure. Eschenbach, par la démonstrativité de sa battue, une gestion très flottante du tempo, un final sans tension, fait regretter les Walter, Krips, Wand, Böhm qui savaient construire avec esprit cette partition jadis défendue par Schumann et Mendelssohn. Malgré l’homogénéité de l’orchestre et la qualité de la clarinette de Philippe Berrod (Andante con moto), l’œuvre ne décolle jamais. Décidément, Eschenbach qui peut être un si grand musicien ne cesse de dérouter en tant que chef d’orchestre.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 22 et 29 octobre 2008
Programmation détaillée de la Salle Pleyel
Voir l’interview vidéo de Christoph Eschenbach
Photo : DR
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