Le jury du 65ème Concours Long-Thibaud consacré cette année au violon s’est donné pour ambition de privilégier la qualité. Sous la présidence de Salvatore Accardo assisté entre autres de Laurent Korcia, Stéphane Tran Ngoc, Ami Flammer, du jazzman roumain Florin Niculescu, il n’a retenu pour les épreuves finales que quatre candidats. La Coréenne Hyun-Su Schin (photo), 21 ans, déjà lauréate du dernier Concours Tchaïkovski de Moscou l’a emporté haut l’archet tant son autorité, sa présence, sa vaillance et son assurance faisaient la différence. Le Concerto n°1 en ré majeur op 19 de Prokofiev est, sous ses doigts, d’une aisance fulgurante (en particulier le mouvement central Scherzo-vivacissimo) et d’une grande finesse de ton dans le final (Moderato). Pour autant, malgré un parcours sans faute, l’avenir dira si elle possède aussi la dimension poétique qui fait les grands solistes.

Structuré, le Germano-Américain Noah Bendix-Balgley (24 ans) n’obtient qu’un troisième Grand Prix (le second n’est pas attribué) ; son Concerto en ré majeur de Brahms manque de plénitude malgré un style parfait d’une belle intériorité comme d’ailleurs l’ensemble de son parcours durant les épreuves. Sensible, la Française Saténik Khourdoïan (25 ans), qui a étudié avec Jean-Jacques Kantorow, possède une personnalité attachante qui ne suffit pas à donner au Concerto en ré majeur de Sibelius toute sa dimension rhapsodique. Quelques problèmes de justesse et quelques imprécisions réduisent l’impression éprouvée au cours du récital où elle avait particulièrement brillé dans la pièce composée pour le Concours par Bernard Cavanna (Etude en ré pour violon et piano) qui lui vaut d’ailleurs le Prix de la Sacem.

Enfin, la Japonaise Haruka Nagao (19 ans) obtient un cinquième Prix. Elève de Gérard Poulet à Tokyo, elle manque de puissance mais son exécution lyrique du Concerto en la mineur de Dvorak comme celle de la Sonate de Franck au phrasé impeccable laisse percevoir un réel talent qui ne demandera qu’à s’exprimer. Le chef slovaque Juraj Valcuha a de l’enthousiasme à revendre à la tête du Philhar., parfois au détriment de certains candidats, submergés par tant d’énergie.

Michel Le Naour

Paris, Salle Gaveau, 12 novembre et Maison de la Radio, 15 novembre 2008

Les prochains concerts à la Salle Gaveau

Photo : DR