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Paris - Compte-rendu : Le West-Eastern Divan Orchestra à Pleyel – Le feu et la grâce
Un chef prenant le temps de saluer individuellement chacun des membres de son orchestre sous les applaudissements du public debout : la chose n’est pas courante ; la soirée que Daniel Barenboim et les jeunes musiciens du West-Eastern Divan Orchestra nous ont permis de vivre lundi soir à Pleyel ne l’était pas non plus. On ne reviendra pas ici sur le message « non pas politique mais humain », comme l’a rappelé en fin de concert Barenboim, dont le WEDO est porteur depuis une décennie maintenant (voir notre article de la semaine dernière ici). Il ne fait pas de doute que cet aspect et l’exposition médiatique dont bénéficie la formation expliquent une part de l’énorme enthousiasme avec lequel elle est accueillie. Il était déjà grand lors de la première apparition du WEDO en 2006 au Châtelet ; une soirée émouvante certes mais qui, il faut en toute honnêteté le reconnaître, appelait des réserves sur le plan strictement musical.
Quels progrès incroyables le WEDO, qui ne se réunit pourtant que quelques semaines par an, a-t-il accomplit en l’espace de deux ans et comme le triomphe qu’a déclenché ce qui constituait la dernière étape de sa tournée 2008 apparaît justifié ! Variations, op 31 de Schoenberg : Barenboim n’a pas fait de cadeau à ses musiciens, particulièrement exposés dans une partition complexe et débordante de chausse-trapes. Leur engagement se révèle à la mesure de l’enjeu et l’on ne qu’être ébloui par l’approche fouillée, fourmillante de timbres que le chef obtient, autant que séduit par l’optique très expressive qu’il défend. Une œuvre sérielle peut-être, mais d’un auteur qui doit tant à Bach, à Wagner et à Brahms…
Ainsi pensé, l’Opus 31 fournissait une parfaite introduction à la pièce de résistance de la soirée, le 1er Acte de La Walkyrie, donné avec le concours de Simon O’Neill, Waldraud Meier et René Pape. Wagnériens consommés, ils ont pu donner le meilleur d’eux-mêmes grâce à une direction éblouissante de vie et de poésie. Comme pour Schoenberg, Barenboim dirige son Wagner sans partition. Il est vrai que plus un recoin du texte n’a de secret pour lui.
Quel bonheur de le voir mener ses troupes, avec fermeté (il fallait entendre le déchaînement impeccablement maîtrisé de la tempête initiale !) mais sachant lâcher la bride dans une partition qui comporte nombre de moments tout en délicatesse pour que les différents soli s’épanouissent. En résultait un Wagner vibrant, transparent, puissamment narratif, toujours chanté, à l’orchestre comme par un trio vocal superlatif, à l’unisson du propos intense et frémissant de Barenboim.
On imagine que pas mal de membres du West-Eastern Divan Orchestra ont pour la première fois été amenés à jouer cette musique à l’occasion de la session 2008. De feu et de grâce, leur émerveillement devenait nôtre.
Alain Cochard
Salle Pleyel, le 25 août 2008
Programme détaillé de la Salle Pleyel
Photo : Frédérique Toulet/SALLE PLEYEL
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