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Paris - Compte-rendu - Les yeux fermés, Création de …22,13…

Dans l’acoustique idéale de l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, Marc André avait pu disposer ses quatre groupes instrumentaux et ses dispositifs électroniques afin que la poétique mortifère de son œuvre enveloppe les spectateurs. Spectateurs ? Il ne fallait mieux pas ouvrir les yeux, car la production misérabiliste desservait une musique qui peu à peu envahissait l’imaginaire de l’auditeur.

On avoue ne rien avoir compris à cette fusion des sources d’inspiration aussi diverses que le Septième sceau de Bergman, la sixième partie d’échec de Kasparov avec l’ordinateur Deep Blue, l’Apocalypse, et le sinistre train fantôme, l’un des ultimes convois à destination d’Auschwitz. Mais l’abîme de désespoir, la violence éthérée, l’univers sonore obsessionnel d’André laissaient la bouche sèche et l’âme torturée.

Il faudrait donner d’autres moyens scéniques pour que l’œuvre puisse se réaliser totalement, les musiciens eux étaient exemplaires, la direction de Peter Hirsch intégrant l’électronique avec un naturel déconcertant. L’œuvre aura-t-elle la chance d’imposer ses désespoirs et ses interrogations à un public plus vaste ? Il faut l’espérer.

Jean-Charles Hoffelé

Marc André : …22, 13…, Opéra Bastille, le 29 novembre 2004

Photo : Bettina Müller
 

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