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Paris - Compte-rendu : L’Espagne revisitée par Jean-Claude Casadesus et l’Orchestre National de Lille
Heureuse idée cette initiative qui consiste à associer de Falla et Ravel dans un même programme à la Cité de musique. Si L’Amour sorcier (et surtout la fameuse Danse du feu) est assez régulièrement proposé aux mélomanes, il n’en va pas de même de L’Heure espagnole, opéra en un acte de Ravel créée en 1911, qui exige non seulement un subtil dosage mais aussi un équilibre entre quatre chanteurs également comédiens, dans la tradition de l’opéra bouffe.
L’Amour sorcier qui ouvre le concert ne recherche ni le duende ni la couleur locale à tout crin. La direction claire, légère, délicate de Jean-Claude Casadesus, rapproche de Falla de la musique française qui, comme on le sait, ne lui était pas étrangère. La participation de la mezzo-soprano Marie-Ange Todorovitch (photo), à l’autorité théâtrale naturelle et à la voix sans raucité, apporte une forme de classicisme dans ce monde où la magie et l’occultisme gitan ont force de loi.
Plat de résistance, L’Heure espagnole fait passer ensuite une heure exquise de drôlerie, de finesse et d’esprit, d’autant que les protagonistes (la piquante et voluptueuse Concepción de Marie-Ange Todorovitch, la remarquable composition du baryton Alain Vernhes dans le rôle du libidineux Don Inigo Gomez, le subtil Torquemada du ténor Philippe Do, le parfait horloger de Nicolas Rivenq et l’impayable ténor Yves Saelens en soupirant éconduit) réussissent, par la malice de leur jeu, à créer le sentiment d’une véritable représentation scénique sous la baguette ferme mais souple de Jean-Claude Casadesus à la tête de l’Orchestre National de Lille. Un pur bonheur !
Michel Le Naour
Cité de la musique, 4 octobre 2008.
Programme détaillé de la Cité de la musique
Photo : DR
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