Depuis son départ du Philhar en 2000 après seize ans de bons et loyaux services, Marek Janowski revient régulièrement dans la capitale diriger l’Orchestre de Paris. Sa réputation de grand maître s’est encore vérifiée dans un programme à connotation germanique où seule faisait exception, en guise d’introduction, la courte pièce Un sourire d’Olivier Messiaen, composée précisément sur la demande de Marek Janowski en 1989 pour honorer le bicentenaire de la mort de Mozart. Il en donne une interprétation très homogène intégrant les aspects mélodiques et percussifs dans un même geste.

Le Concerto pour hautbois et petit orchestre de Richard Strauss – regard porté par un vieil homme sur ce qui fut avant la Seconde Guerre mondiale – lui permet de sertir un accompagnement de toute beauté, épaulant avec la sûreté qu’on lui connaît le jeune hautboïste soliste de l’Orchestre de Paris, Alexandre Gattet, un peu troublé au départ par l’enjeu et qui rapidement retrouve ses marques.

Pourtant, c’est avec la Symphonie n°3 « Wagner-Symphonie » d’Anton Bruckner que le chef allemand impressionne par une battue efficace, une justesse de tempo, une conduite assurée du discours et surtout par la connivence qu’il entretient avec la musique de l’organiste de Saint-Florian. Dans un répertoire qu’il remet depuis si longtemps sur le métier, Janowski semble maintenant épurer et affiner sa conception. Aucune lenteur dans la progression de cette narration où les ruptures sont toujours conçues dans un tout, le microcosme se projetant dans le macrocosme sans jamais se perdre dans les célestes longueurs. Les musiciens, libérés de toute contrainte, peuvent donner libre cours à leur inspiration et s’engager avec enthousiasme dans le chemin tracé par le chef. Un grand moment de musique au seul service du compositeur !

Michel Le Naour

Salle Pleyel, 8 octobre 2008

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Photo : DR