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Paris - Compte-rendu - Michael Gielen dirige Wagner et Schönberg

Le public parisien mélomane ou cinéphile (les films de Straub et Huillet) a pu ces dernières années, à de nombreuses reprises, écouter le chef allemand Michael Gielen diriger des œuvres de Arnold Schönberg. Neveu du compositeur et pianiste Eduard Steuermann qui fut l’élève de Busoni et du compositeur viennois, Gielen a été dès son plus jeune âge imprégné par l’atmosphère de la seconde Ecole de Vienne qu’il a su distiller dans les années 1940 au piano, puis à partir des années 1960 à la tête de différents orchestres dirigés aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe.

Le programme proposé par le chef et sa phalange du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg à la Cité de la Musique comportait outre les différentes œuvres (Cinq pièces, op 16, Variations, op 31 et Erwartung, op 17) de Schönberg le prélude de Tristan und Isolde. Ce dernier, donné en début de programme, visait évidemment à souligner la proximité du Maître de Bayreuth avec le compositeur viennois dont les Variations étaient enchaînées avec le Vorspiel de Wagner sans pause ni rupture. Soit un parti pris certes étonnant mais sans grande originalité qui traduit une lecture moderniste cherchant à évacuer toute forme de sensualité au profit d’une conception déterministe, relativement pesante.

On peut en effet s’étonner que Gielen n’ait pas su décortiquer les enjeux psychologiques et émotionnels du monodrame de Schönberg donné en deuxième partie de programme, peu aidé, il est vrai, par une soprano, Inga Nielsen, qui nous a donné l’impression de se plier aveuglement à l’approche distanciée et cérébrale du chef. Approche fascinante et impressionnante de rigueur mais qui a fini par nous lasser.

On aurait aimé entendre un Rattle, Abbado, voire Haitink dans ce même programme, chefs qui auraient vraisemblablement su témoigner d’un même souci de lisibilité et de clarté sans pour autant sacrifier le supplément d’âme qu’on est en droit d’attendre de ces lumineuses partitions.

Erik Verhagen

Paris, Cité de la Musique, 13 avril 2005.

Photo: DR
 

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