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Paris - Compte-rendu - Zubin Mehta plus terrien qu’aérien
Zubin Mehta entretient une relation privilégiée avec les Wiener Philharmoniker qui l’ont invité dès le début des années 60. Formé dans la capitale autrichienne par le chef Hans Swarowsky, il a montré très tôt une familiarité dans un répertoire (Bruckner et surtout Mahler) qui a contribué avec le temps à l’installer au firmament de la direction d’orchestre. Dire que son concert à la tête des musiciens de Vienne a déçu peut paraître une incongruité.
Pourtant, dès la Symphonie n°104 en ré mineur « Londres » (la dernière de Joseph Haydn), le ton n’y est pas. Relative lourdeur de l’Allegro initial, épaisseur de l’Andante, manque d’esprit dans le Menuetto et le final – un Spiritoso pourtant - manquant d’humour. Haydn, qui sait sans doute qu’il ne reviendra plus à un genre qu’il a porté au sommet, semble quitter la symphonie en dégustant avec sensualité ces derniers instants où l’orchestre musarde avant de se retirer.
Dans la Symphonie n°9 en ré mineur de Bruckner, Mehta se montre plus à son aise (d’ailleurs il a enregistré cette œuvre avec les Viennois). Son interprétation ne manque ni de grandeur ni de somptuosité (sans doute les musiciens y contribuent-ils), mais ce qui lui fait défaut est indéniablement la dimension métaphysique d’un Bruckner qui, en Ménestrel de Dieu, élève la Symphonie à la hauteur des cathédrales. En d’autres temps, Jochum, Horenstein, Wand, Celibidache, sans parler de Furtwängler, avaient su, au disque, placer la barre à ce niveau.
Faut-il encore vanter les mérites de l’Orchestre Philharmonique de Vienne qui n’est toutefois pas sans imperfections (la petite harmonie et surtout le hautbois assez aigre dans la symphonie de Haydn, quelques décalages des premiers violons dans celle de Bruckner sans doute par la faute du violon solo Rainer Küchl qui semble jouer pour lui-même et anticipe souvent) ? En revanche, quels pupitres d’altos, de violoncelles et de contrebasses qui glissent sur la matière sonore comme un cygne sur le lac ! Peut-être aussi les effets d’une tournée fatigante peuvent-ils expliquer quelques légères défaillances : les musiciens de Vienne sont aussi des hommes (et deux femmes !). Applaudissements bien sûr mérités bien que le formalisme de Zubin Mehta ait quand même un peu embrumé la fête au TCE.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 20 février 2009
Photo : DR
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