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« Parodia » par les Voix Animées à l’église des Blancs-Manteaux – Volutes polyphoniques - Compte-rendu

 

En point final de son cycle estival « Entre pierres et mer », fort d'une dizaine de concerts, l’ensemble Les Voix Animées présente « Parodia », ou des pages de musique sacrées de la Renaissance confrontant Palestrina (1525-1594), son élève Tomás Luis de Victoria (1548-1611) (1) et des motets de compositeur ibériques du temps. L’église Notre-Dame des Blancs-Manteaux à Paris accueille ce programme a cappella, auparavant présenté à Lorgues et à La Roque d'Anthéron,
 

Luc Coadou (au centre), directeur artistique des Voix Animées © Jean Fleuriot
 
C’est aussi l’occasion de marquer les 15 ans de cet ensemble vocal implanté à Toulon, réunissant six chanteurs aguerris sous la conduite du baryton Luc Coadou. Alternent les deux messes O magnum mysterium, signées de Palestrina puis de Victoria ; en forme de messe parodie sur leurs propres motets pour le temps de Noël. Mais alors que Palestrina déploie une grande forme à six voix, Victoria choisit l’intimité du chœur à quatre voix, pour tour à tour une imposante architecture sonore et une spiritualité faite de douceur avec le même prétexte de la Nativité. Des motets des musiciens espagnols Juan de Esquivel Barahona (1560-1623) et Alonso Lobo (1555-1617) en compagnie de ceux du Portugais Filipe de Magalhães (1571-1652) font contrepoint dans un style polyphonique évocateur proche de celui de ceux qui furent leurs deux maîtres (en ces temps du Concile de Trente et de la Contre-Réforme).
 
Dans la résonance appropriée de l’église, le chant s’invoque allégoriquement. Citons les interprètes, puisqu’ils le méritent tous : Sofie Garcia, Sterenn Boulbin (sopranos) ; Raphaël Pongy, Maximin Marchand (contre-ténors) ; Damien Roquetty (ténor) et Luc Coadou. Et c’est ainsi, par des voix en fusion ou exprimées individuellement, que les sonorités diaphanes emplissent les voûtes de leurs volutes. S’ajoute une mise en lumière (signée Philippe Séon), elle aussi bien évocatrice dans ses bariolés de rouge et de bleu. En bis, réclamé par un public jusque-là des plus recueillis, s’épanche en manière d’adieu, le motet Veni Domine du contemporain de nos compositeurs Cristóbal de Morales (1500-1553). Un moment choisi que ce concert, comme une plongée hors du temps.
 
Pierre-René Serna
 

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Paris, église Notre-Dame des Blancs-Manteaux, 17 septembre 2024 // www.lesvoixanimees.com
 
 
(1) À signaler, à propos de Victoria, la biographie d’Henri Collet, judicieuse réédition d’un ouvrage ancien réactualisé et seul livre en français sur le compositeur (Bleu Nuit éditeur, collection de poche « Horizons »). Alors même que les ouvrages en anglais, allemand, italien, et espagnol bien sûr, consacrés à ce musicien de la Renaissance, ne manquent pas.

 
Photo © Jean Fleuriot
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