La série de concerts « Prima la Musica ! » que dirige vaillamment à Vincennes Philip de la Croix poursuit sa route fructueuse. Comme en témoigne ce concert réunissant le clarinettiste Pierre Génisson (photo) et l’Orchestre-atelier Ostinato, formation de jeunes instrumentistes habituée de la série vincennoise, dans un programme mozartien mené par Jean-Luc Tingaud.  
 
Le concert s’ouvre par une pièce de circonstance en ces temps conflictuels, la désormais célèbre Prière pour l’Ukraine de Valentin Silvestrov (né en 1937). Un court moment rendu dans toute sa sonorité diaphane par un orchestre scintillant.
S’ensuit le Concerto pour clarinette de Mozart, cheval de bataille de Génisson qui s’empare d’un cor de basset d’époque pour restituer, d’une dextérité sans vaine virtuosité, la douleur et la clarté de cette œuvre justement célèbre. L’orchestre, réparti à l’ancienne (premiers et seconds violons de part et d’autre), apporte son soutien dans une même judicieuse texture. En bis, réclamé par un public trépidant, l’instrument soliste se fait chant, dans un arrangement par Bruno Fontaine de l’aria « Voi che sapete » des Noces de Figaro, pour rester sous le charme mozartien.
 

Jean-Luc Tingaud © Jean-Baptiste Millot
 
Après l’entracte, place à la Symphonie « Jupiter », l’ultime et grandiose symphonie de Mozart. L’orchestre se déploie largement, depuis la vigueur du premier mouvement, à l’apaisement élégiaque de l’Andante, au Menuet enlevé, puis à l’ardeur déchaînée étourdissante de virtuosité du final. Jean-Luc Tingaud, chef et fondateur d’Ostinato, porte le tout dans une exaltation alliée à une précision de chaque instant, sous une battue virevoltante. L’excellente acoustique de l’Auditorium relève l’intensité comme la délicatesse d’une transmission fervente. Ou Mozart toujours neuf. Et le public, celui constamment fidèle de « Prima la Musica ! », faisant le plein de la salle, se montre à la hauteur de l’enjeu, attentif et enthousiaste.