On avait dit tout le bien (1) qu’on pensait de François Mauduit, courageux chorégraphe qui se bat avec des moyens privés pour assurer la survie du ballet classique, et dont le nom suscite l’estime de ses pairs. A preuve, les membres du jury réunis à Deauville deux jours durant pour le Prix Nijinski, compétition annuelle qu’il a fondée et soutient avec les moyens de sa petite compagnie. Ils sont nombreux à y concourir, de 8 à 22 ans, et les lauréats trouvent tous un emploi dans une compagnie ou une entrée dans une école de danse officielle. Parmi le jury, donc, outre la présidence de Cédric Andrieu, Directeur de la Danse au Conservatoire Supérieur de Danse de Paris, des personnalités aussi prestigieuses que Schonach Mirk Robles, inoubliable icône béjartienne, Fanny Gaïda et Wildrid Romoli, étoiles qui ont laissé leur marque sur le Ballet de l’Opéra de Paris.
 

© Eric Fiaudrin

Le week-end de compétition se finira sur un des plus prenants ballets de Mauduit, son Roméo et Juliette, marqué par une vision originale, car les héros n’y sont pas les seuls à déclencher la fureur de leurs clans. Tous, plus ou moins, vivent ce genre d’histoire douloureuse autour d’eux, et portent le poids de cette haine. Une réalisation ambitieuse, servie par de beaux danseurs et qui montre le talent de ce passionné capitaine de la danse. On se souvient avec émotion du grand cri poussé dans le Roméo et Juliette de Béjart : « Faites l’amour, pas la guerre ». Démodé, ce chef-d’œuvre des années 68 ? Mais plus que jamais nécessaire.
 
Jacqueline Thuilleux