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Raretés lyriques en région
Les Scènes lyriques régionales font preuve de curiosité et n’hésitent pas à programmer des partitions méconnues. Le Roi Candaule d’Alexander von Zemlinsky est ainsi à l’affiche de l’Opéra de Nancy, tandis que l’Esplanade de Saint-Etienne invite à la résurrection du Polyeucte de Charles Gounod.
De l’œuvre d’Alexander von Zemlinsky (1871-1942), le public français ne connaît souvent que la Symphonie lyrique. On doit pourtant aussi au compositeur autrichien une production lyrique importante (7 opéras), qui mérite amplement la découverte (1) – sans parler de somptueuses pages de musique de chambre (2). Construit à partir d’un livret (en allemand) du compositeur inspiré de la pièce éponyme d’André Gide, Le Roi Candaule fut entamé vers 1935 mais son auteur n’en acheva pas l’orchestration, interrompu dans son travail par l’Anschluss de 1938 et l’exil qui s’ensuivit. Anthony Beaumont s’est chargé de compléter une partition dont la création a eu lieu il y a dix ans à l’Opéra de Hambourg.
Après l’Opéra Royal de Wallonie qui proposait l’ouvrage il y a peu, la scène de l’Opéra de Nancy accueille du 3 au 11 mars Le Roi Candaule dans la mise en scène de Jean-Claude Berutti et sous la baguette de Bernhardt Kontarsky, avec Gary Bachlung dans le rôle titre. « Un formidable livret d’opéra », dit Jean-Claude Berutti de la pièce de Gide. « Le symbolisme, mouvement auquel [elle] se rattache y est pour beaucoup. Le compositeur y trouve les conditions nécessaires pour donner à sa musique, affranchie de tout rapport servile au mot, un rôle d’investigateur privilégié à l’intérieur du personnage et permet ainsi de percevoir les fondements d’une nouvelle dramaturgie basée sur la prise en compte d’une nouvelle dimension qui a déjà pour nom « inconscient » et qui va remettre en question la notion même de personnage. »
Barbier et Carré on puisé dans la pièce de Corneille la matière du livret du Polyeucte que Charles Gounod fit représenter à l’Opéra Garnier le 7 novembre 1878. « C’est l’œuvre d’un Gounod volontariste, cherchant à changer son image, remarque Laurent Campellone qui dirige trois représentations de l’ouvrage à Saint-Etienne ( les 7, 10 et 12 mars). Polyeucte est l’opéra auquel Gounod tenait le plus, s’enthousiasme le jeune chef ; on y découvre un mélange d’audace et de classicisme. »
Hormis l’air « Source délicieuse en misère féconde » de l’Acte IV, on ne connaît guère la partition dont Jean-Louis Pichon signe la mise en scène. « Moins lisible que chez Corneille, l’opposition de l’Amour et du Devoir, constate-t-il, demeure toutefois une des clés de lecture » d’un ouvrage où « le mysticisme triomphe à la fin (…), donnant aux deux protagonistes des accents d’une élévation et d’une vérité humaine que n’eût pas désavouées Corneille. »
Sous la baguette de Laurent Campellone, Claire Larcher, Cécile Perrin, Jean-Pierre Furlan, entre autres, auront pour tâche de redonner vie à un maillon oublié de la musique lyrique française du XIXe siècle.
Alain Cochard
(1) On recommandera l’écoute d’Une Tragédie Florentine, opéra en un acte enregistré en 2003 sous la direction d’Armin Jordan, avec Iris Vermillion, Viktor Lutsiuk et Albert Dohmen (1 CD Naïve/Radio France)
(2) Jugez en par le Quatuor op 15 dans la superbe interprétation du Quatuor Johannes (1 CD Assai)
Zeminsky/Le Roi Candaule. Opéra de Nancy et de Lorraine. 3 mars (20h), 5 mars (15h), 7, 9 et 11 mars (20h). Rés. : 03 83 85 33 11.
Gounod/Polyeucte. Esplanade de Saint-Etienne. 7 et 10 mars (20 h), 12 mars ( 15h). Rés. : 04 77 47 83 40. Programme détaillé de l’Esplanade Saint-Etienne
Photo : DR
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