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Rennes - Compte-rendu - Candide de Bernstein pétille !
Un pur régal ! Une orgie de fraîcheur, de vie et de gaieté ! De sa pétillante ouverture américaine jusqu’au glorieux final, Candide de Bernstein (1955) ne s’essouffle pas une seconde. Inspirée du conte philosophique de Voltaire et sous-titrée « comic operetta » par le compositeur, l’œuvre demeure un joyau inclassable du répertoire, à la fois opéra, opérette et comédie musicale. C’est la version concertante de 1989 qui est donnée à entendre sur la scène rennaise.
A l’aide d’ingénieux dispositifs vidéos signés Fabio Iaquone, cette nouvelle production restaure astucieusement l’univers satirique et décalé du conte. De son côté, Giuseppe Grazioli, très en forme, mène tambour battant un Orchestre de Bretagne survolté. C’est qu’il y a de quoi faire avec la partition de Bernstein ! Les rythmes de danses s’enchaînent (valse, tango, matchiche, boléro, polka) et les cuivres ont la part belle. Résultat : de bien singulières sonorités et une musique tout en contraste alternant chansons, airs de grands opéras, chœurs à l¹antique et fragments de symphonies. Si le charme opère, c’est aussi en grande partie grâce aux chanteurs qui s’avèrent, en outre, d’excellents comédiens. Lionel Peintre (Pangloss, Martin, le narrateur), auteur des truculents passages parlés (en français), se révèle irrésistible, comme à son habitude. Sa verve, son humour mordant et ses mimiques cristallisent parfaitement l’esprit voltairien. Provocateur, ironique et désinvolte, à l’instar du leitmotiv de Pangloss : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».
Hervé Lamy (Candide) fait preuve d’une plus grande réserve. Du point de vue vocal, rien à reprocher à part un léger manque de projection et une interprétation parfois trop sobre voire un peu fade (« My world »). Sa partenaire, la soprano Mélanie Boisvert, incarne une rayonnante Cunégonde (la fiancée de Candide). Après avoir sauté et dansé comme une furie, elle déploie dans « Glitter and be gay » une virtuosité et une expressivité bouleversante. Sa voix se fait douce, radieuse, coquine, puissante, mélancolique, …Sans conteste la plus belle voix de la distribution. Et un vrai don pour la comédie ! A ses côtés, la pétulante Christine Cadol (la vieille dame) campe un personnage haut en couleur, avec sa voix chatoyante et son charisme exubérant. A noter également les performances de Boris Grappe (Maximilian, le Capitaine) – un baryton à la voix ronde et fraîche – et de Danièle Alexandre (Paquette), particulièrement drôle en soubrette nymphomane. Par ailleurs, le chœur, très présent, donne beaucoup de panache à l’œuvre. Ses interventions s’apprécient d’autant plus que l’Opéra de Rennes jouit d’une acoustique irréprochable.
Nicolas Nativel
Photo : Laurent Guizart
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