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Rentrée de l’Orchestre de chambre de Paris au TCE - La férule bonhomme de Norrington - Compte-rendu
On ne peut que se réjouir que Sir Roger Norrington ait rejoint l’Orchestre de Chambre de Paris en tant que premier chef invité, car le travail avec le maître britannique dans la pratique baroque a déjà porté ses fruits pour ce concert de rentrée au Théâtre des Champs-Elysées. L’absence de vibrato des cordes dans Mozart loin de dessécher l’interprétation en avive les contours : les progrès dans l’articulation sont évidents dans les différents pupitres, à l’exception de celui des cors qui ont toujours des problèmes d’adaptation à l’univers baroque.
Influencé sans doute par certaines radios commerciales qui ont accoutumé de saucissonner les œuvres pour raisons publicitaires, le public a commencé par applaudir à la fin de chaque mouvement de la Symphonie n°33, ce qui n’a pas manqué de déconcentrer les musiciens malgré la patience, le fair-play et les excellents réflexes du chef anglais. Si bien que notre bonheur n’a vraiment pu commencer qu’avec le Concerto en ut majeur K.503 joué en parfaite symbiose par le pianiste Emmanuel Ax. Lui aussi s’est penché sur les instruments anciens et sait adapter le jeu du piano moderne.
L’entente avec Norrington est extraordinaire : ce parfait respect du style les conduit à la vraie liberté dans un dialogue d’une richesse inouïe qui n’est pas sans rappeler celle des Noces de Figaro quelques mois auparavant. On reste sur les sommets après l’entracte avec les Variations pour piano en fa mineur Hob. XVI/6 de Haydn, chef-d’œuvre absolu qui jette un pont par-delà Mozart entre le vieux Bach et Schubert avec un Impromptu entre ciel et terre proposé en bis.
La soirée s’achève avec une magistrale Symphonie «Linz», témoin de la fabuleuse maîtrise de Mozart qui l’aurait conçue en moins de jours qu’une main ne compte de doigts ! Toujours par cœur, et avec cette désarmante bonhomie qui rappelle celle d’un autre grand mozartien devant l’Eternel Jean-Claude Malgoire, Norrington éclaire son interprétation de l’intérieur retrouvant l’extraordinaire faculté de jeu de Wolfgang qu’aucune pirouette stylistique n’éloigne jamais du but fixé dès l’origine de l’œuvre. Tout l’orchestre le suit d’enthousiasme : la greffe a pris. Bravo !
Jacques Doucelin
Paris, TCE, 14 septembre 2012.
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Photo : DR
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