Journal
Rentrée du Centre de Musique de Chambre de Paris (saison 2018/2019) – La « Gran Partita », échec et mat –Compte-rendu
Celui-ci consiste toujours en un spectacle scénarisé autour d’une grande partition du répertoire. C’est vers la Sérénade pour vents KV 361 « Gran Partita » de Mozart que le Centre s’est tourné pour le « Mozart vs Stadler » qui ouvre en beauté la saison. Autour de ce chef-d’œuvre, Jérôme Pernoo (avec à ses côtés la dramaturge Marianne Pernoo-Bécache et la metteuse en scène Elsa Rooke) a imaginé la rencontre de Mozart et de son ami le clarinettiste Anton Stadler dans une auberge pour une partie d’échecs. En chemise noire et long tablier blanc, les musiciens figurent le personnel de l’auberge, tandis que Mozart et Stadler (en perruque et habit, seule concession du spectacle au XVIIIe siècle) devisent gaiement entre les différentes sections de l’ouvrage ; dialogue amical et pour le moins savoureux puisqu’il s’appuie sur des citations tirées de la correspondance de Mozart.
Le comédien Léo Doumène (photo) – un étudiant en harpe du CNSMDP en fait – tient avec allant le rôle de Wolfgang, tandis que François Tissot/Stadler alterne avec naturel entre parole et musique, prenant part (à la clarinette évidemment) à l’exécution de la Sérénade en si bémol majeur. D’un niveau impressionnant – qui fait honneur à réputation des « souffleurs » français –, tous les instrumentistes (1) sont membres de l’Ensemble Appassionato (que dirige Mathieu Herzog) (2) et, comme c’est la règle pour les spectacles du Centre, jouent de mémoire. Parfaite d'équilibre, l'interprétation se révèle aussi humaine que vivante et amicale. La performance, impressionnante s’agissant d’une œuvre de cette difficulté, force d’autant plus l’admiration que les artistes sont très souvent en mouvement, dessinant une chorégraphie instrumentale qui se termine dans la joyeuse turquerie du Rondo final que – sympathique licence – viennent pimenter les interventions d’un tambourin et d’un triangle.
Ce souriant « Mozart vs Stadler » tient l’affiche jusqu'au 8 décembre, ne le manquez pas ! Si vous pouvez arriver à Cortot dès 19h30, profitez-en pour écouter le splendide Ensemble Messiaen, auquel revient la première partie de soirée. Une seule œuvre au menu, le 2ème Trio de Mendelssohn, dont David Petrlik (violon), Volodia Van Keulen (violoncelle) et Théo Fouchenneret (piano) (3) signent un interprétation racée, idéale d’engagement et de poésie. Mendelssohn est à l’affiche jusqu’au 1er décembre ; du 6 au 8 Brahms lui succèdera, Raphaël Sévère (quatrième membre de l’Ensemble Messiaen) se substituant à David Petrlik pour le Trio avec clarinette op. 114.
Alain Cochard
(2) Signalons la sortie récente d’une passionnante version des trois dernières symphonies de Mozart, d’une rare force dramatique, par l’Ensemble Appassionato et Mathieu Herzog (Naïve). Une réussite, vivement déconseillée aux amateurs d’eau tiède et de porcelaine de Saxe !
Paris, Salle Cortot, 22 novembre 2018. « Mozart vs Stadler » jusqu’au 8 décembre à 21h/ 2ème Trio de Mendelssohn, jusqu’au 1er déc. / Trio op. 114 de Brahms, du 6 au 8 décembre 2018 / www.centredemusiquedechambre.paris/saison/les-concerts/
Photo © Centre de Musique de Chambre de Paris
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