Pour ceux qui étaient présents à l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton le 31 mars 2023 et qui découvrirent le jeune artiste à cette occasion (1), le premier récital parisien de Ryan Wang procura une sensation comparable à celle produite par Alexandre Kantorow quelques années auparavant sur cette même scène : celle d'une véritable apparition, d’une évidence totale. A 16 ans – il en aura 17 le mois prochain – le Canadien est l’une des étoiles montantes de la nouvelle génération pianistique. Après avoir travaillé avec Marian Rybicki à l'Ecole Normale de Musique, il poursuit présentement ses études auprès de Gareth Owen outre-Manche, au Eton College.
 

© Stéphane Delavoye

Des concours, il en a déjà gagné beaucoup et, parmi les plus récentes distinctions obtenues par le jeune homme, figure le Prix Cortot 2024 de l’Ecole Normale de Musique (ce qui lui vaut d’être invité au Festival de Nohant le 21 juillet prochain). Des moyens superlatifs, certes, mais Ryan Wang est tout le contraire d’un petit prodige de digitalité uniquement attiré par la performance technique. Il apparaît d’abord et surtout comme un exceptionnel musicien, d’un charisme, d’une intelligence et d’un style qu’il n’est pas donné de croiser tous les jours. On se souvient de la Sonate n°60 de Haydn qu’il avait placée en ouverture de son récital : une merveille de poésie et de sensibilité ... Il a aussi la passion du répertoire romantique – qui le lui reprocherait ? – et ce n’est pas un hasard s’il a remporté le 1er Prix du Concours International Jeune Chopin de Lugano début 2023 et qu’il vient d’enregistrer un récital Chopin pour le label « Esprit du Piano ».
 

© Stéphane Delavoye

Chopin, justement, occupe la majeure partie du concert que Ryan Wang donne le 9 juillet dans le cadre des Estivales en Médoc : autant dire que se profile l’un des grands rendez-vous pianistiques de début d’été avec un programme réunissant la Sonate « Funèbre » et le Concerto n°1, accompagné par le quintette à cordes Aquitania Fides (un ensemble formé d’anciens et actuels archets de l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine). Entre la noirceur de la Sonate en si bémol mineur op. 35 et une partition d’inspiration encore adolescente, pétrie de style brillant, l’art et l’immense palette sonore de l’interprète trouveront à s’exprimer. Et pour que la fête du piano romantique soit encore plus parfaite, Ryan Wang a aussi convié Liszt : les Réminiscences de Don Juan prendront place entre les deux ouvrages du Polonais. Grand frisson assuré !
 
Alain Cochard