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Saint-Céré - Compte-rendu : Offenbach chez Toulouse-Lautrec
A tous ceux qui cherchent midi à 14 heures dans leurs mises en scène, on pourrait conseiller d'utiliser l'été pour aller constater sur place ce que le bons sens – souvent dicté, il est vrai, par la nécessité économique de subventions peau de chagrin ! - a de bon dans la relecture des classiques. Ainsi du nouveau spectacle présenté cet été par le Festival de Saint-Céré dans le cadre de la flamboyante forteresse de Castelnau, à savoir Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach ramenés dans l'esthétique du lieu pour lequel ils ont été écrits: l'Opéra Comique.
Si Offenbach avait rêvé toute sa vie de faire dans le sérieux, il n'ambitionnait tout de même pas d'écrire une tragédie lyrique en cinq actes ! C'est bien volontiers qu'il se coulait dans le moule opéra comique, ce demi-caractère où se mêlent harmonieusement dialogues parlés et airs chantés, scènes comiques et soupirs d'amour.
C'est la règle du jeu qu'avait retrouvée Nicolas Joël à Toulouse en fin de saison pour ce même ouvrage et qu'Olivier Desbordes se fait un devoir d'observer à Saint-Céré. Pour accentuer encore la distance par rapport aux rêves d'amour aussi fous que fumeux du poète imbibé de punch, Desbordes place l'action autour d'une vaste table signée Patrice Gouron, qui n'accueille pas les chevaliers du Graal, mais des personnages sortis d'un cirque et menés par un Nicklausse-Auguste vif argent. Des Contes d'Hoffmann placés sous le signe de Toulouse-Lautrec. Quoi d'étonnant ? Le peintre affichiste est né non loin de là, à Albi.
Donc, c'est un clown, la merveilleuse mezzo acrobate Sabine Garrone qui mêne le jeu en toute complicité avec... le diable qui lui non plus ne prend même plus la peine de changer de costume d'un acte à l'autre pour être plus sûr que nul ne se trompera sur sa diabolique identité. Ainsi, choristes et protagonistes assistent-il, tantôt de près, tantôt de loin, à la représentation des trois rêves d'amour d'Hoffmann sur cette table de sacrifice, parfois « tournante » au premier acte en hommage à Hugo et à Baudelaire, parfois transformée en piste de cirque pour l'acte d'Antonia qui clôt la soirée. L'acte vénitien, placé au centre, est quelque peu écrasé par les deux autres.
Dommage, car il contient des trésors et pas seulement le fameux diamant que Jean-Claude Sarragosse sait faire joliment scintiller dans le ciel lotois. S'il est vrai que le diable tire le plus souvent son épingle du jeu dans Les Contes d'Hoffmann, celui-ci ne faillit pas à la règle malgré son omniprésence. Omniprésence aussi pour la soprano Isabelle Philippe qui cumule les trois rôles féminins: sa voix et sa personne sont tout le contraire de la grosse poupée de son où elle se dissimule pour chanter à ravir Olympia avant de hisser Antonia au niveau de la Traviata. C'est dans le rôle de la courtisane vénitienne que sa voix se brouille un instant: miasmes de la lagune sans doute...
A Saint-Céré, à Toulouse ou à Paris, le problème du rôle-titre, c'est qu'il faut un fort ténor endurant qui ait le style français: en l'absence de mouton à cinq pattes, chacun fait avec ce qu'il trouve. L'Italien Andrea Giovannini chante beaucoup mieux le français qu'il ne le parle, mais demeure toujours compréhensible, ce qui est l'essentiel et ce dont il faut lui savoir gré. Le reste de la distribution donne sa cohésion et son style à l'ensemble, à commencer par Christophe Lacassagne (Luther et Crespel), Eric Vignau (Frantz, Cochenille, Andres et Pittichinaccio) et Lionel Muzin (Spalanzani et Nathanaël). Même souci du style juste dans le choeur et l'orchestre du festival fouettés par Dominique Trottein. Reste qu'en plein air, les cordes un peu maigres ont autant de mal à passer qu'à garder l'accord. Ca peut s'arranger.
Reste l'essentiel, à savoir que durant trois grandes heures, le public ne perd pas une miette du spectacle et ce, sans la béquille des surtitres.
Jacques Doucelin
Festival de Saint-Céré, le 1er août 2008. Prochaines représentations à Saint-Céré: 8, 12 et 15 août 2008 (21h30). Tél: 05 65 38 28 08. www.festival-saint-cere.com
Tournée de la Compagnie Opéra Eclaté 2009 :
Cahors (20 janvier), Martigue (23, 25), Plaisir (28), Grenoble (30, 31 janvier), Mérignac (4 février), Compiègne (6), Dreux (7), Maison Alfort (11), Saint-Louis (13), Blagnac (23, 24), Clermont-Ferrand (26 février), Montauban (1er mars), Dijon (10 au 15 mars).
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Photo : DR
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