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Salines en Musique - Ferveur, découvertes et convivialité - Compte-rendu

La quatrième édition des Salines en Musique, manifestation qui irrigue la région de Salins-les-Bains, a une nouvelle fois tenu toutes ses promesses et comblé un public en très nette augmentation par rapport à l’année passée. Le cadre enchanteur et idyllique du Revermont contribue à la réussite d’une entreprise qui bénéficie de l’engagement d’une équipe rassemblée autour d’Anne-Marie Réby (la directrice artistique du festival). Avec peu de moyens financiers, la ferveur et le professionnalisme de chacun donnent une âme à ces Rencontres. Les sept musiciens invités (l’organiste Carolyn Shuster Fournier, le ténor Fabrice Dalis, les pianistes Geoffroy Couteau et François-Frédéric Guy (photo), le violoniste Tedi Papavrami, l’altiste et violoniste Jürg Dähler, le violoncelliste Xavier Phillips) entrent en totale osmose avec l’esprit convivial qui règne continûment.

Le concert donné aux orgues de la Collégiale Saint-Anatoile en hommage à Marie-Claire Alain par Carolyn Shuster Fournier (titulaire à Paris de la tribune d’orgue de l’église de La Trinité), fait passer un moment d’intense émotion et d’intelligence pure dans un programme savamment médité où voisinent cinq Chorals de J-S. Bach, des œuvres de Johannes Brahms, César Franck, Jehan Alain, et Alexandre Guilmant dont le Grand Chœur en ré majeur (1866) qui atteint une impressionnante dimension orchestrale. Le même jour, Salle Notre-Dame, Geoffroy Couteau traduit avec subtilité et puissance les conflits entre le bien et le mal de la Sonate n°7 « Messe blanche » de Scriabine, tandis que le violoncelle chaleureux de Xavier Phillips et le piano engagé de François-Frédéric Guy rivalisent d’énergie et de concentration dans la Sonate pour violoncelle et piano de Chostakovitch. Cerise sur le gâteau, la version pour piano à 4 mains du Sacre du Printemps de Stravinsky, interprétée avec ardeur et sens de la construction par le duo complice F-F. Guy / G. Couteau, déchaîne toutes les pulsions de vie et de mort emportant l’enthousiasme du public.

La Villa Palladienne de Syam forme un ensemble architectural du début du XIXe siècle situé au milieu d’un parc digne, mutatis mutandis, du cadre du Festival de Glyndebourne sans le decorum et les moutons ! Dans la Rotonde, après des pages bien connues de Chopin (la Polonaise op 26 n°1 et la Valse op 64 n°2 exécutées avec goût et tact par Geoffroy Couteau), le ténor Fabrice Dalis fait découvrir un répertoire rare dont se détachent le mélodrame de Schubert Die Bürgschaft (La Caution) en compagnie de F-F. Guy, 3 Lieder pour voix, alto et piano d’Adolf Busch, de veine brahmsienne, et 6 Lieder pour voix, violon et piano de Ludwig Spohr (1856). Après un pique-nique festif, les Anciennes Ecuries constituent, à la tombée du jour, l’écrin dans lequel résonnent le violon subtil et lumineux de Tedi Papavrami et le clavier profond de Geoffroy Couteau (Sonate n°1 pour violon et piano de Brahms). La tonalité ludique et fraîche des 4 Lieder de Beethoven pour voix, violon, violoncelle et piano, adaptés de chants populaires irlandais, procure un moment de détente. Pour conclure, le Quatuor n°3 avec piano de Brahms réunit dans un même élan le violon ailé de Tedi Papavrami, le violoncelle vibrant de Xavier Phillips, l’alto mordoré de Jürg Dähler et le piano lyrique de François-Frédéric Guy. Des instants de rêve qui sont la carte de visite de ces Rencontres Internationales de Musique de Chambre du Jura, marquées du sceau de la qualité et de l’originalité.

Michel Le Naour

Salins-les-Bains, Collégiale Saint-Anatoile, Salle Notre-Dame ; Syam, Villa Palladienne, 20 et 21 juillet 2013

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Photo : DR
 

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