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Sayaka Shoji, Joseph Bastian et l’Orchestre national d’Île-de-France à la Philharmonie – Un ange chez le diable – Compte-rendu
Sayaka Shoji, Joseph Bastian et l’Orchestre national d’Île-de-France à la Philharmonie – Un ange chez le diable – Compte-rendu
La chose peut paraître totalement invraisemblable mais c’était pourtant bien la première fois que Sayaka Shoji, l’un des plus grands archets de notre époque, se produisait en concerto à la Philharmonie. Il était temps ! Chose réparée grâce à l’Orchestre national d’Île-de-France, qui a fait appel à la violoniste japonaise pour une série de cinq concerts – dont un parisien comme l'Ondif en a l'habitude – conduits par le Franco-suisse Joseph Bastian, chef principal de l’Orchestre Dijon-Bourgogne depuis 2022.
Joseph Bastian © Orchestre Dijon-Bourgogne
Preste et lyrique sous cette excellente baguette, l’ouverture de Benvenuto Cellini offre une parfaite entrée en matière – et tient lieu aussi de clin d’œil à la générosité de Niccolò Paganini envers notre Hector national. Paganini justement : Premier Prix en 1999 du concours génois qui porte le nom de l’illustre virtuose, Sayaka Shoji se confronte au diabolique 1er Concerto. Bien rares sont les interprètes qui osent relever pareil défi aujourd’hui. Elle y parvient de manière proprement phénoménale, transcendante au sens plein du terme, et d’autant plus fascinante qu’elle se refuse à tout effet facile. Rien d’une manière distante ou désincarnée toutefois, mais une pureté et une concentration incroyables, comme si elle jouait Mozart ou Mendelssohn. De cette approche, par-delà les effroyables difficultés surmontées avec une maestria hallucinante, le substrat belcantiste ressort, magnifié, d’autant que le chef adhère pleinement à la démarche : un ange chante chez Paganini ...
Bientôt il chantera chez Mozart : on s’impatiente de la parution en avril (chez Arcana) du deuxième volume de l’intégrale des sonates pour violon et piano que Sayaka Shoji poursuit avec Gianluca Cascioli.
La Boutique fantasque de Respighi occupe la seconde partie. Ecrit pour les ballets de Diaghilev sur des thèmes des Soirées musicales et des Péchés de ma vieillesse, l’ouvrage ne constitue pas la part la plus impérissable de la production symphonique du maître italien – où il reste beaucoup à découvrir. Mais ne faisons pas la fine bouche : Joseph Bastian s’acquitte de sa tâche avec un profond sens des timbres et montre de belles idées poétiques (le Nocturne) au cours d’un ouvrage dont il assume aussi bien que possible les longueurs.
Quant à la suite de la saison de l’Orchestre national d’Île-de-France, elle nous réserve une série particulièrement originale fin janvier, non par le compositeur choisi, Chostakovitch, mais par le programme : à la Symphonie n° 15 s’ajouteront en effet des extraits inédits du Nez et le Concerto pour violoncelle de Schumann ... dans la réorchestration que le maître russe réalisa en 1963 à l'intention de Mstislav Rostropovitch. Une rareté à découvrir en première française sous l’archet d’Emmanuelle Bertrand et la direction de Thomas Sanderling. (1)
Alain Cochard
Preste et lyrique sous cette excellente baguette, l’ouverture de Benvenuto Cellini offre une parfaite entrée en matière – et tient lieu aussi de clin d’œil à la générosité de Niccolò Paganini envers notre Hector national. Paganini justement : Premier Prix en 1999 du concours génois qui porte le nom de l’illustre virtuose, Sayaka Shoji se confronte au diabolique 1er Concerto. Bien rares sont les interprètes qui osent relever pareil défi aujourd’hui. Elle y parvient de manière proprement phénoménale, transcendante au sens plein du terme, et d’autant plus fascinante qu’elle se refuse à tout effet facile. Rien d’une manière distante ou désincarnée toutefois, mais une pureté et une concentration incroyables, comme si elle jouait Mozart ou Mendelssohn. De cette approche, par-delà les effroyables difficultés surmontées avec une maestria hallucinante, le substrat belcantiste ressort, magnifié, d’autant que le chef adhère pleinement à la démarche : un ange chante chez Paganini ...
Bientôt il chantera chez Mozart : on s’impatiente de la parution en avril (chez Arcana) du deuxième volume de l’intégrale des sonates pour violon et piano que Sayaka Shoji poursuit avec Gianluca Cascioli.
La Boutique fantasque de Respighi occupe la seconde partie. Ecrit pour les ballets de Diaghilev sur des thèmes des Soirées musicales et des Péchés de ma vieillesse, l’ouvrage ne constitue pas la part la plus impérissable de la production symphonique du maître italien – où il reste beaucoup à découvrir. Mais ne faisons pas la fine bouche : Joseph Bastian s’acquitte de sa tâche avec un profond sens des timbres et montre de belles idées poétiques (le Nocturne) au cours d’un ouvrage dont il assume aussi bien que possible les longueurs.
Quant à la suite de la saison de l’Orchestre national d’Île-de-France, elle nous réserve une série particulièrement originale fin janvier, non par le compositeur choisi, Chostakovitch, mais par le programme : à la Symphonie n° 15 s’ajouteront en effet des extraits inédits du Nez et le Concerto pour violoncelle de Schumann ... dans la réorchestration que le maître russe réalisa en 1963 à l'intention de Mstislav Rostropovitch. Une rareté à découvrir en première française sous l’archet d’Emmanuelle Bertrand et la direction de Thomas Sanderling. (1)
Alain Cochard
(1) "Une Soirée avec Chostakovitch" (24/01, Massy ; 27/01, Paris ; 1/02, Maisons-Alfort) : www.orchestre-ile.com/concert/une-soiree-avec-chostakovitch-884
Paris, Philharmonie, 15 décembre 2024
Photo © Sasha Gusow
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