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Sondra Radvanovsky au Festival d’Aix-en-Provence 2024 - Du chagrin à l’espoir – Compte-rendu
Il y a un début à tout. Quel ne fut pas notre étonnement d’apprendre que Sondra Radvanovsky se produisait pour la première fois au Festival d’Aix-en-Provence. On la pensait déjà habituée à cet événement lyrique tant elle est programmée sur les plus grandes scènes internationales. Pour ses débuts aixois, la soprano canadienne offre un récital des plus hétéroclites. Dans la très belle salle du Conservatoire Darius Milhaud, la chanteuse, connue surtout pour ses rôles dans les ouvrages Donizetti, Verdi et Puccini, aborde un répertoire très varié où figurent même des pages baroques.
Avec Anthony Manoli au piano, Sondra Radvanovsky entame sans attendre la poignante Mort de Didon de Purcell. Pour celle qui a commencé sa carrière en tant que mezzo-soprano, atteindre les graves profonds de cette pièce n’est pas un problème.
Après ce premier air, c’est avec une vive émotion qu’elle se confie au public et nous éclaire : son programme a été conçu comme un hommage à sa mère, disparue il y a deux ans des suites de la maladie d’Alzheimer. Tout est recueillement dans un récital qui s’apparente à une étape de reconstruction après le deuil. Les sanglots sont parfois trop appuyés, comme dans l’air de Cléopâtre du Jules César en Egypte de Haendel, mais plus mesurés dans trois romances de Sergueï Rachmaninov – un hommage à son ami Dmitri Hvorotovsky, le célèbre baryton disparu en 2017.
© Vincent Beaume
La soprano aborde ensuite Richard Strauss. Elle nous le confirme : les prochaines années seront consacrées à la musique allemande et en particulier aux lieder de ce compositeur. Après Allerseelen et Befreit, Sondra Radvanovsky interprète deux des Quatre Lieder op.27. Morgen ! est sans aucun doute la page la plus touchante de la soirée. La chanteuse est sincère quand elle déclare son amour pour ce répertoire, qui fait désormais partie de sa carrière. Heimliche Aufforderung referme avec brio le volet allemand du programme.
Les Trois Sonnets de Pétrarque de Liszt conviennent au lyrisme et au timbre de la soprano. C’est dans ces pages que l’on peut se délecter du jeu éclatant d’Anthony Manoli, sublime chaque mesure. La transition avec une pièce du compositeur américain Jake Heggie (1961) peut surprendre mais c’est peut-être là que la chanteuse se montre la plus naturelle. On lui dont en effet les paroles de la mélodie If I had known, racontant la démence dont a souffert sa mère à la fin de sa vie.
La figure maternelle apparaît encore une fois avec Andrea Chénier d’Umberto Giordano et l’air de Maddalena « La mamma morta ». Sondra Radvanovsky retrouve alors le répertoire lyrique italien qu’elle connaît si bien. La projection est stratosphérique (peut-être un peu trop au vu dans l’espace limité de la salle du Conservatoire Darius Milhaud). D’évidence, les nombreux fans apprécient ces envolées et suraigus dantesques !
D’une grande générosité, le duo offre plusieurs bis : le « Vissi d’arte » de la Tosca ou encore le « Pace, pace moi Dio » dans La Force du Destin. Le célèbre « O mio babbino caro » de Gianni Schicchi, partagé dans les yeux énamourés de son mari venu l’applaudir au premier rang, clôt un récital surprenant – parfois trop bavard – mais extrêmement touchant néanmoins. Les sanglots ont laissé place à l’amour et à l’espoir ...
Marion Guillemet
15 juillet 2024, Aix-en-Provence, Conservatoire Darius Milhaud.
A écouter : Sondra Radvanovsky dans Andrea Chénier de Giordano au Royal Opera House de Londres avec Antonio Pappano et Jonas Kaufmann diffusé sur France Musique : www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/le-concert-du-soir/andrea-chenier-de-giordano-a-covent-garden-avec-jonas-kaufmann-sous-la-baguette-de-sir-antonio-pappano-8669792
Photo © Vincent Beaume
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