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« Souvenirs de Combray » d’Olivier Dhénin / Compagnie Winterreise — Proust en dialogues — Compte-rendu
Le fond de l’air est proustien en cette fin d’année du centenaire de la disparition de l’auteur de la Recherche. C’est le moment qu’a choisi Olivier Dhénin pour présenter « Souvenirs de Combray », qui aurait initialement dû être créé en mars 2020 – ce qui ne fut pas le cas pour d’évidentes raisons. Deux ans plus tard le spectacle conçu à partir de « Combray », première partie de Du côté de chez Swann, a enfin pris vie à la bibliothèque Smith-Lesouëf de Nogent-sur-Marne, cadre intimiste et on ne peut plus approprié pour une réalisation dans la lignée de celles, aussi économes de moyens qu’intensément poétiques, auxquelles Olivier Dhénin nous a habitués – ne citons que L’Île du rêve de Reynaldo Hahn à l’Athénée en 2016, la Stumme Serenade de Korngold à Levallois en 2019 ou, plus récemment, au Musée Henner fin 2021, une prenante Chute de la maison Usher de Debussy.
© Compagnie Winterreise
Présenté comme une « cantate scénique », « Souvenirs de Combray » relève plus du spectacle littéraire que musical et prend la forme d'un dialogue de Proust avec ... lui même. Un comédien adulte, Paul Hamy (photo à g.), incarnant l’écrivain œuvrant à la Recherche, fait face ici à un jeune adolescent d’à peine quinze ans, Ilan Mechali (photo à dr.), incarnation du petit Marcel – de l’enfance, d’un paradis perdu ...
Vrai tour de force que celui d’Olivier Dhénin qui a su, en l’espace de quatre dialogues et à peine plus de soixante minutes au total, concentrer l’atmosphère de Combray – de l’inénarrable tante Léonie à la fameuse madeleine, en passant par la lanterne magique. Qu’importent quelques petites imperfections inhérentes à une première, « Souvenirs de Combray » a su plonger l’auditoire dans un moment hors du temps, rendu plus prégnant encore par la chaleur et la poésie du lieu où il prenait place.
© Compagnie Winterreise
Un spectacle d’abord littéraire, certes mais au cours duquel la musique joue toutefois un rôle clef grâce au piano d’Emmanuel Christien – un fidèle de la compagnie Winterreise que l’on avait pu applaudir dans le Chute de la maison Usher. Fauré est le premier musicien représenté, avec trois des Romances sans paroles et quelques unes des rares Pièces brèves op. 84 ; on entend aussi L’Heure exquise de Hahn et, tout aussi approprié, Feuillet d’album de Chabrier. Sur un piano droit installé sur le côté de la scène, E. Christien intervient soit pour des transitions-respirations, soit en mode mélodrame – formidable idée que ce « Maman ! » échangé par les deux comédiens sur la Fugue op. 84 n° 6, à laquelle l’interprète imprime le caractère affolé qui convient !
Deux comédiens et un piano, une heure de magie proustienne ; une véritable parenthèse enchantée ... "Souvenirs de Combray" sera repris la 9 février prochain à Paris (Musée Henner), puis au Musée Hèbre de Rochefort (date à préciser).
Alain Cochard
Nogent-sur-Marne, Bibliothèque Smith-Lesouëf / Théâtre Watteau hors-les murs, 10 décembre 2022 (17h). Reprises le 9 février à Paris (Musé Henner) – avec Loïc Mobihan dans le rôle du narrateur –, puis à Rochefort (Musée Hèbre), date à préciser.
Photo © Compagnie Winterreise
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