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Stéphane Degout aux Lundis musicaux de l’Athénée – Noblesse française – Compte-rendu
A la rentrée 2014, l’Athénée renouait avec les « Lundis musicaux » – initiés jadis par Pierre Bergé – et c’est au pianiste Alphonse Cemin (membre du collectif Le Balcon) que Patrice Martinet a confié la direction artistique de la série.(1) Après une interruption due à fermeture pour travaux du théâtre, elle vient de reprendre son cours avec un récital de Stéphane Degout (photo) intitulé « Histoires naturelles ». Le rêve était au rendez-vous dans ces mélodies françaises où se croisent les inspirations de Poulenc et de Ravel, accompagnées par le piano enchanteur et stylé de Cédric Tiberghien.
Cédric Tiberghien © Jean-Baptiste Millot
Pour débuter, des poésies d’Apollinaire mises en musique entre 1919 et 1948 par Poulenc (Le Bestiaire, Montparnasse, Hyde Park, Calligrammes, Quatre poèmes et Banalités) témoignent de l’entente parfaite des deux interprètes. La qualité de diction, le sens des nuances et la présence naturelle du baryton donnent une unité à ce florilège chanté avec sobriété et classicisme. Surgissement du passé : la diffusion de l’enregistrement du « Pont Mirabeau » par Apollinaire (gravé entre 1911 et 1914) crée un moment d’émotion au cœur de cette première partie.
Après la pause, Cendres (1998) pour flûte, violoncelle et piano de Kaija Saariaho est joué avec incandescence par Matteo Cesari, Alexis Descharmes et Cédric Tiberghien. Cette pièce concise et colorée prélude subtilement à deux recueils de Ravel. Stéphane Degout s’engage d’abord dans les sensuelles et voluptueuses Chansons Madécasses en compagnie de la même formation instrumentale, avant de conclure par les Histoires Naturelles, interprétées avec l’humour détendu, facétieux et pince-sans-rire qu’appelle le texte de Jules Renard. Voix et piano se révèlent là encore magistraux, tant sur le plan du timbre que de l’élocution. Le luxe à l’état pur dans un hommage distingué à l’art français le plus noble.
Prochain « Lundi musical » le 27 mars (2), avec Stanislas de Barbeyrac et Alphonse Cemin dans des pages de Beethoven (An die ferne Geliebte) et Berlioz (Les Nuits d’été)
Michel le Naour
(1)Lire l’interview d’Alphonse Cemin : www.concertclassic.com/article/une-interview-dalphonse-cemin-pianiste-et-directeur-artistique-des-lundis-musicaux-de
(2) www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/a_la_bien-aimee_lointaine.htm
Paris, Théâtre de l’Athénée, 21 janvier 2017
Photo © Julien Benhamou
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