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Thomas Zehetmair, Makoto Ozone et l’OCP au TCE - Wolfgang jazzy - Compte-rendu
C’est décidément un printemps charnière pour le tout nouvel Orchestre de chambre de Paris qui n’a pas seulement changé de nom en dépouillant sa vieille dénomination d’Ensemble orchestral de Paris, mais de patron avec la prise de fonction du violoniste autrichien, né en 1961, Thomas Zehetmair, et de premier violon solo super soliste avec Luc Héry, né la même année, qui a quitté une nouvelle fois l’Orchestre National de France. Tous deux ont fait leurs débuts lors d’une soirée particulièrement originale du Festival Mozart au Théâtre des Champs-Elysées.
Fils de Salzbourg, Thomas Zehetmair (photo) n’a sans doute pas encore eu le temps de percer les mystères du langage ravélien dans un Tombeau de Couperin particulièrement empesé, du moins a-t-il tenu à célébrer les rapports de ses dieux – Haydn et Mozart - avec Paris en dirigeant la Symphonie “La Reine“, dédiée à Marie Antoinette, du premier, et la Symphonie concertante pour violon et alto KV 364 du second, avec son altiste favorite Ruth Killius comme co-soliste. On mesure déjà les effets bénéfiques de la pratique de Haydn sur la cohésion d’ensemble des pupitres comme sur la qualité du phrasé son œuvre symphonique n’étant le plus souvent qu’une extension de l’architecture du quatuor à cordes.
Si Mozart ne vise dans cette pièce de circonstance qu’est sa Symphonie concertante qu’à séduire ces nigauds de Parisiens, le Concerto n°9 “Jeunehomme“ atteint lui d’emblée à la dimension du chef-d’œuvre absolu. Là, commença une expérience visiblement souhaitée par le chef salzbourgeois qui fit appel pour la partie soliste au pianiste de jazz Makoto Ozone, chargé dans foulée d’improviser sur des thèmes de Wolfgang. De fait, le père de Mozart et le Padre Martini à Bologne furent de tels pédagogues et Mozart intégra si parfaitement toutes les techniques de composition de son temps qu’on dirait chacune de ses œuvres jaillie d’une improvisation.
C’est pourquoi la rencontre fut aisée entre le compositeur et son interprète, même si cela ne paraissait pas gagné d’avance. Ozone commença à exercer sa liberté de musicien dès la cadence du premier mouvement qu’il signa des deux mains. Il poursuivit dans cette voie de l’intervention personnelle dans les deux autres cadences en s’enhardissant peu à peu. Mais paradoxalement, il témoigna d’un respect scrupuleux de la partition, aux confins de la timidité… ce qui n’est pas le reproche qu’on s’attendait à lui faire ! L’expérience s’est révélée néanmoins concluante et Thomas Zehetmair a gagné son pari qui ne manquait pas d’air en don de joyeux avènement.
Jacques Doucelin
Paris, Théâtre des Champs Elysées, 30 mai 2012.
(Concert diffusé par France Musique le 21 juin à 14 h)
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Photo : Keith Pattison
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