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Timothy Ridout et Frank Dupree à l’Auditorium du Louvre – Dans la cour des grands – Compte-rendu

Formé aux meilleures sources (Nabuko Imai, Tabea Zimmermann, Lawrence Power), l’altiste britannique Timothy Ridout (photo), né à Londres en 1995, s’est imposé dans deux concours internationaux (Cecil Aronowitz en 2014 et Lionel Tertis en 2016). Invité à l’Auditorium du Louvre en compagnie du pianiste allemand Frank Dupree (également chef d’orchestre assistant de Simon Rattle et François-Xavier Roth), son programme intitulé « Harold en Italie » fait la part belle, outre Berlioz, à des pages de Nino Rota, Serge Prokofiev et Georges Enesco.
D’emblée, la qualité de l’alto Peregerino di Zanetto (datant de la seconde moitié du XVIe siècle) est sublimée par un jeu très contrôlé mais d’une subtilité finement contrastée. Dans Harold aux montagnes transcrit par Berlioz pour alto et piano à partir de l’œuvre orchestrale, le jeune soliste affronte avec témérité les foudres du piano et sait s’imposer face au déferlement  d’un accompagnement efficace et très prégnant.
 

Frank Dupree © Sebastian Heck

Plus ludique, la Sonate en do majeur de Nino Rota –  écrite en 1945 pour William Primrose – laisse entendre fluidité, charme et élégance dans les trois mouvements qui privilégient le lyrisme et le sens mélodique. Les Six pièces extraites du ballet Roméo et Juliette de Prokofiev (adaptées plus tard pour alto et piano par Vadim Borisovsky, membre du Quatuor Beethoven) permettent aux deux comparses de s’attacher aux climats changeants, entre agitation (La rue s’éveille, Danse des Chevaliers) et chant éperdu (Julia jeune fille, Scène au balcon). La profondeur de son de l’altiste au timbre mordoré et sa maîtrise technique d’un naturel confondant participent du grand art. Le bref Konzertstück de Georges Enesco – une partition composée en 1906 à la demande de Gabriel Fauré comme pièce de concours pour le Conservatoire de Paris – est une découverte, d’autant plus que les deux musiciens jouent dans le registre de la fantaisie et de la virtuosité sans jamais appuyer le trait. Timothy Ridout, par sa maturité, se situe d’ores et déjà dans le sillage des plus grands.       
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  
Michel Le Naour

Paris, Auditorium du Louvre, 30 janvier 2020

Photo © Kaupo Kikkas

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