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Tosca au Capitole de Toulouse - La tradition a du bon - Compte-rendu
« Une production née de l’idée de faire de théâtre populaire, dans le bon sens du terme » : Mario Pontiggia revendique on ne peut plus ouvertement le caractère « naturaliste » de la Tosca qu’il signe sur la scène du Capitole de Toulouse - une production présentée dans le cadre du Maggio Musicale Fiorentino il y a trois ans. D’aucuns viendront sûrement lui reprocher le caractère traditionnel de son approche. Qu’importe ; seul compte le déploiement musical et dramatique de l’ouvrage et, de ce point vue, le pari en gagné. Dans les décors plutôt chargés de Francesco Zito, une sensation d’enfermement domine et ne souligne que mieux la formidable mécanique dramatique mise en oeuvre par Puccini sur l’un des livrets les plus diaboliques qui soient. Enfermement qui caractérise même l’Acte 3 donc l’action se déroule devant une lourde grille – qui ne se soulève qu’au moment de l’exécution de Cavaradossi.
Sans grand chef de théâtre, point de Tosca. Tugan Sokhiev est l’homme de la situation, qui sait fouiller la partition avec un sens du détail et du phrasé jamais maniéré, sans perdre de vue la grande arche du drame. Il est quelque chose d’un peu karajanesque, a-t-on envie d’écrire, dans cette manière de faire. Si, d’un bout à l’autre, la direction du jeune maestro force l’admiration, c’est d’abord l’Acte 2 que l’on garde en mémoire, d’une implacable intensité.
D’autant qu’il est le lieu d’un « Vissi d’arte » porté de façon exemplaire par un orchestre qui laisse à Catherine Naglestadt toute latitude pour déployer sa conception d’une Tosca altière, noble quoique sans froideur et émouvante. A lui seul le personnage composé par la soprano américaine mérite le détour par Toulouse. A ses côtés, Vladimir Galouzine campe un Cavaradossi passionné, bien que l’engagement dramatique ne puisse compenser la fatigue vocale que l’on ressent lors de cette dernière représentation de la série. Le Scarpia de Franck Ferrari manque d’un peu de concupiscente cruauté pour pleinement atteindre sa cible mais l’on se gardera bien de faire la fine bouche face à pareille forme vocale.
Excellent comprimari : Nahuel di Pierro (Angelotti), Mauro Buffoli (Spoletto), Craig Verm (Sciaronne), Alexandre Durand (Un Geôlier), José Fardilha irrésistible Sacristain, et très joli Berger d’Anaïs Rabary, issue de la Maîtrise de Toulouse. Chœur du Capitole fidèle à son excellente réputation, impeccablement préparé par Alfonso Caiani.
Après le grand répertoire, la Capitole s’apprête à jouer la carte de la découverte avec la première française de Polieukt de Zygmunt Krauze (né en 1938) dans une mise en scène de Jorge Lavelli et sous la baguette de Ruben Silva (les 4, 5 et 6 nov.).
Alain Cochard
Puccini : Tosca – Toulouse, Théâtre du Capitole, 14 octobre 2011
www.theatre-du-capitole.fr
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Photo : Patrice Nin
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