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Toulouse - Compte-rendu : Un Elixir parfait
On ne reviendra pas sur la délicieuse production d’Arnaud Bernard, avec ses étonnantes digressions sur le monde figé des daguerréotypes, sinon pour souligner qu’elle est portée par une direction d’acteur toute en finesse – même Belcore et Dulcamara échappent au buffo trop unilatéral dans lequel on les confine si souvent –, direction qui trouve un écho complet dans la distribution assez soufflante réunie par Nicolas Joël. Si l’Adina pimentée et attachante d’Inva Mula est une sorte d’adéquation naturelle – son soprano lyrique nous sauve des couleurs citronnées des coloratures qu’on y distribue trop fréquemment – on est tombé simplement amoureux du Nemorino non pas benêt mais frénétiquement juvénile que dessine dans un style parfait et avec une voix en or Giuseppe Filianoti. Il ne peut se comparer à celui un peu trop composé en regard qu’offre aujourd’hui Rolando Villazon.
Et quelle « larme furtive » déclamée et non murmurée, intense, vibrante. Magnifique, tout comme du reste les deux clefs de fa, Chausson très fin et plein d’arrières pensées pour Dulcamara, Balzani subtil et en voix un peu sèche, mais élégant jusque dans le trivial (scène du recrutement). Si l’on ajoute la Giannetta fruitée de Khatouna Gadelia et la direction spirituelle et poétique de Paolo Arrivabeni, cette reprise était décidément gagnante.
Jean-Charles Hoffelé
l’Elisir d’amore de Donizetti, Toulouse, Théâtre du Capitole, le 3 février. (Dernière représentation le 6 février)
Les autres comptes-rendus de l'Elixir d'amour
Photo Patrice Nin : Nemorino : Giuseppe Filianoti / Adina : Inva Mula
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